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Impasse de sens


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 Sujet du message: Impasse de sens
MessagePublié: 07 Mai 2008, 16:50 
Hors-ligne
Safran
Safran
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Inscription: 17 Sep 2007, 06:50
Messages: 75
Localisation: Entre Vercors et Brocéliande
Les vieux cormorans se débattent dans les vomissures infâmes de cette encre trop noire, englués dans les masses mouvantes de ces trop pleins de bitume, dégazés par le grand navire rouge, qui sème l’agonie dans le bel océan sombre et bleu.
Fillette dans le noir, les yeux rougis de larmes, qui pleure en silence, pour ne pas déranger, les fantômes de ses anges, déjà déchus par la lanière du fouet.
Et ce corps qui fait mal, qui hurle la déraison de ces infâmes goujats, Jasons en perdition, qui ne pensent qu’à s’offrir, la trop jeune toison.

Je perds mes repères, suis larguée comme une amarre, et cette mère démontée, qui ne me voit même plus.

Le tic tac cadencé d’un semblant de balancier, qui oscille entre toi, et la raison d’être moi. Qui sera encore là, pour entendre mes pleurs, et m’offrir un regard, détaché du stupre de mes errances ?
Tout était simple, tout devait se passer comme les autres, alors pourquoi suis je là, les yeux pleins de larmes amères, qui me piquent et me brulent, à toujours avoir mal ?
Et ces hommes qui me lacèrent, qui me touchent et me blessent, chaque jour d’avantage, et s’affranchissent sans honte de cette belle morale, qui n’existe qu’en maux !

Je perds mes repères, suis larguée comme une amarre, et cette mère démontée, qui ne me voit même plus.

Et mes cris, qui peut encore les entendre ? Alors que les vergues dressées, drossent ma frêle caravelle, drisses et voiles bandées, et ces embruns salés, qui me salissent bien d’avantage.
Ballets de mes tristesses, toutes bien alignées, qui ne cessent de me hanter, jusqu’à m’exténuer. Par delà la fenêtre, dans le grand pavillon bleu, les albatros, trop blancs, passent en riant.
Personne ne doit savoir. Et mon petit corps bafoué, qui cherche à résister, et cette honte glacée, qui accompagne mes larmes.
Privée de moi, que reste t il encore, à mon être abusé, trop désabusé par leurs fielleuses manigances.

Je perds mes repères, suis larguée comme une amarre, et cette mère démontée, qui ne me voit même plus.

Mécréants rébarbatifs, marins d’ô douce ou saumâtre, ils ne cherchent qu’a se sustenter, dans les affres de mes perditions. En existe il encore, qui ne regardent pas mon corps, mais juste mon regard, capables de m’aimer … juste pour moi ?
Je croyais aux princesses et aux fées, aux princes charmants et aimants, qui parcourent le monde pour un bouquet de roses, à offrir à celles … qui hantent encore leurs jours. A ces baisers fougueux, qui réveillent les jeunes filles, endormies … bien trop belles. A ce mot de « toujours, » qui rime si bien avec celui d’ « amour » …
Mais la vie a refermé mon livre de fables, et chaque soir je compte mes coups, car mon conte à moi ne se joue pas à leur manière, mes princes sont des démons mortifères, qui m’accompagnent à chaque instant.


Je perds mes repères, suis larguée comme une amarre, et cette mère démontée, qui ne me voit même plus.

Huis clos comme une maison, j’ai perdu mon innocence, et mon enfance n’existe plus, et de moi je ne fais plus cas.
La peur au ventre je cherche à me faufiler dans les chimériques chemins de mon existence, je m’invente des univers, sans trop vraiment y croire, juste parce que ça fait moins mal, dissimulant ainsi, mon âme malmenée.
Sourires de nacre, toujours de circonstance, on ne me voit plus comme je suis, et je m’accroche à ce paraître, comme à ce dernier bastingage, qui m’évitera le naufrage.
A jamais oubliée, je n’écoute plus mes peines, il y a longtemps que je me suis murée, dans cet étrange stratagème. Elles ressortent parfois, juste en pointillé, j’ignore encore qu’elles guident chaque instant de ma vie, pas à pas, comme une étrange ritournelle, éternelle impasse, qui n’en finirait pas !

Je perds mes repères, suis larguée comme une amarre, et cette mère démontée, qui ne me voit même plus.

Mais la vie suit son cours, inutile et morne, et je regarde, impuissante, défiler ce bonheur des autres, qui ne m’est jamais destiné.
J’ai peur, seule et transie, j’ai mal, et pourtant je souris, n’est ce pas là, ma seule carapace ?
J’existe par procuration, et je m’offre sans retenues, à ceux qui ne sourient plus.
J’ai parfois envie de hurler, mais je suis depuis si longtemps résignée, qu’il me semble ma foi, que je me fais sûrement encore quelques idées démesurées.
Seule confidente muette, la musique m’épaule, et me fait avancer. Tissant sa robe de soie, elle m’enivre encore parfois, et me hisse dans les airs, comme une baguette magique. Finies les médisances, et les blessures anciennes, je m’offre à ces notes profondes, et glisse sur la planète, je brise mes chaines quotidiennes, et ris de me voir encore belle, dans les yeux de ceux qui partagent, ces rares instants consensuels.

Je perds mes repères, suis larguée comme une amarre, et cette mère démontée, qui ne me voit même plus.

Au delà des arpèges, ai je encore assez de rêves, pour croire encore un petit peu, que le bonheur n’est pas mort ?
Au delà de mes blessures, ai je encore assez de forces, pour croire que les hommes, ne sont pas tous les mêmes ?
Au delà de mes silences, ai je encore assez de voix, pour murmurer ces secrets, qui m’ont bien trop hantés ?
Au delà de mon âme en peine, ai je encore assez de goût, pour voir que je suis belle, et croire à l’amour fou ?
Au delà de mes danses, ai je encore assez de temps, pour rouvrir mon vieux livre de contes, là où je l’avais laissé ?
Au delà de mes maux, aurai je encore la joie, d’écrire une nouvelle fois, maman au lieu de mère, juste encore ce mot !


A toi, ma puce !

Mille bises
Gaëlle

_________________
Le rêve est la raison d'un seul
La réalité est la folie de tous


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MessagePublié: 08 Mai 2008, 11:48 
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Auteur SJ
Auteur SJ

Inscription: 27 Sep 2005, 15:50
Messages: 733
Localisation: Lorgol
La prochaine fois que vous croiserez cette obscurantiste au regard froid comme la pierre ou alors cette mercenaire au visage sombre dans sa lourde armure de maille, repensez à ce texte et vous verrez peut être ces femmes autrement.Certaines blessures ne se referment jamais alors pour éviter qu'elles ne fassent trop mal on se protège, on se construit une carapace dans laquelle on s'enferme. Cette armure peut prendre bien des formes, des atours provocants de la catin à la bure austère de la religieuse en passant par le métal de celles que leur colère pousse à la guerre.
Femmes blessées,bafouées ou meurtries sachez que votre farfadet préféré sera toujours là pour vous.
Dame Gaëlle, votre talent n'a d'égal que l'émotion qui se dégage de vos écrits. Chapeau bas !

Fayn le farfadet

_________________
Que les muses éclairent votre route.


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