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Rumeurs d'Harmonde


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 Sujet du message: Rumeurs d'Harmonde
MessagePublié: 24 Avr 2008, 11:30 
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Safran
Safran
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Inscription: 17 Sep 2007, 06:50
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Localisation: Entre Vercors et Brocéliande
- Chuttt, savez vous ?
- De quoi me parlez vous, enfin ?
- Il …… il est revenu !
- Plait il ?
- Il est revenu.
- Vous êtes sûre ?
- Absolument
- Mais comment ?
- Je ne sais pas !
- Qui l'a vu ?
- Ils sont au moins vingt à l'avoir aperçu la nuit dernière !
- Mais c'est une plaisanterie !
- heu …. Je ne crois pas Messire !

L'homme au visage terne, aux yeux cernés s'éloigna
doucement, en faisant de nombreuses révérences, agitant son chapeau par saccades.

Hugornes le brave, fulminait.

Ce n'est pas possible. Comment est il revenu pensait il ... On le disait mort !!!

- Convoquez moi mes espions …. TOUS mes espions ! hurla t il au
chambellan.

Celui ci se retira.

Hugornes se leva, allant vers la large fenêtre du Castel de Morgenderk Il regarda le ciel noir dans lequel roulaient de lourds nuages aux volutes chargées de reproches haineux.
Quelques oiseaux effrayés, luttaient contre le vent. Dans la cour, un homme tomba de son cheval, GrosJean, le forgeron. Hugornes ne pu s'empêcher de sourire à la détresse de
ce rude gaillard, qui se relevait péniblement. Le cheval effrayé s'emballait, courant dans les étals des forains, massés au pied du château.
Au delà, un éclair s'étira paresseusement sur les landes noires, zébrant de ciel de jais d'une cinglante cicatrice. Les corneilles s'envolèrent du toit, criant leurs lugubres litanies.

Machinalement Hugornes referma sa lourde main bardée de fer, sur la garde de sa lourde rapière. Il se sentit mieux. A nouveau le charme de l'arme opérait...... Il y avait si longtemps.
S'immisçant doucement dans son âme, à jamais perfide et noire, elle lui permit de contenir sa haine, en lui distillant quelques douces images si chères à son cœur:
Une femme rouée de coups, un éclair de sang rouge inondant la chair meurtrie de ce ventre gonflé, écrin précieux de la vie, bafoué, outragé par la lame de la rapière.
Cet enfant, déjà à terme, et déjà mort, avant même d'être né.
Ce hurlement, seul cri, brûlure atroce, invitation à une mort fugace, brutale pleine d’effrois, peur, incompréhension, douleur et mort, intimement liés dans un unique instant.
Harmonie sinistre d'un trépas tout puissant, agile et rapide … surentraîné.
Et ces yeux révulsés, regardant une dernière fois ce fils et cette vie qui s'enfuient, ensemble à jamais.
Ces yeux bleus, ce regard fascinant. ... Le regard de sa femme !

Machinalement plongé dans cette jubilation contemplative au sein de laquelle Hugornes se complait. Il n'entend pas la porte qui s'ouvre doucement.

Ce ne sont que les pas, sur le parquet grinçant qui l'alertent soudain, l'arrachant par réflexe à cette douce évocation.

Déjà la rapière vole vers le trépas, l'homme s'écroule, terrassé par la lame terne et opaque. Un sourire obscène lui découpe le cou, dans un bouillonnement de sucs écarlates.
Il s'affaisse !
Hugornes se rend compte enfin de sa méprise, et crache, simplement.
Son fils aîné gît maintenant devant lui…. La gorge tranchée.
Il crache sur le corps recroquevillé, lui administrant une terrible estocade du bout ferré de sa botte.
Un bâtard pensa t il, justifiant son geste précis par un destin divin.

Il rengaine sa rapière ! satisfait ! Il trouvera le moyen de tuer Agone.
Il regarde à nouveau par delà la fenêtre, nettoyant la buée avec le pli du rideau de velours.
Peu importe, il le tuera !

Assenant un effroyable « entrez » dans le calme de la pièce, il se retourne, observant ses lieutenants venant au rapport. Ceux ci semblent mal à l'aise, évitant soigneusement de regarder le corps égorgé.

- Alors tonna Hugornes, est il vrai qu'il soit revenu ?

Le premier des hommes d'armes salue, désespéré de devoir annoncer cette terrible nouvelle à son Maître, soulagé néanmoins de voir que celui ci s'était déjà défoulé sur son fils.

- Il est vrai Hugornes, qu'Agone a été vu hier par nos espions. Il entrait dans les mille tours, dans le but évident de retrouver sa sœur Ewelf.

Crispé malgré lui, le soldat scruttait la réaction d'Hugornes. Il savait l'estime que lui portait le baron depuis que, simple soldat, il l'avait ramené moribond sur son épaule, alors que la bataille faisait rage par delà les marais des terres de Rochronde.
A son réveil Hugornes l'avait fait mander. Il lui administra une accolade violente, et l'envoya dans une école de Lorgol, afin qu'il apprenne le maniement des armes.
A son retour de l'académie, Fustrin fut élevé au grade de premier lieutenant du baron. Mais depuis, il avait de plus en plus de mal à supporter les écarts morbides et malsains de son Maître, qui semaient un nombre croissant de cadavres sur leur chemin commun.

- Allez me chercher Firastre et Brocardin, qu'ils soient ici dans moins d'une heure …. Et que l'on me débarrasse de ………… cette charogne !
- Nous allons quérir les obscurantistes, Hugornes, c'est comme si c’était fait.

----------

Jamais auparavant la menace n'avait été si forte.
Judracyne, lissait ses longs cheveux. Elle regardait la glace déformer son image aux grés des brises espiègles. Il faut que je le prévienne se dit elle soudain. Elle appela ses sœurs !

- Il faut que je sois belle, ce soir, sœurettes, je vais aller voir Agone.

Dans un concert de rires cristallins les lutines s'éparpillèrent, courant chercher les artifices de beauté, dont elles auraient à user pour embellir, si cela restait possible, les traits fins et gracieux de Judracyne.
Les oiseaux chantaient de branches en branches, les prémices précieux des calices de lilas blancs s'étiolaient doucement sous la brise chaude et printanière. Les capiteuses fragrances des lys parvenaient à dépasser l'envoûtant parfum des violettes naissantes.

Judracyne se regardait, dardant ses yeux bleus pâles sur la commissure de ses lèvres, en y approchant le frais pistil d'une rose odorante, sachant combien elle était mutine lorsqu'elle ensoleillait sa bouche aux contours exquis grâce à cet artifice qui creusait légèrement ses lèvres, les enveloppant d'une ombre infime aux reflets carmins.

-----------

Déjà, par delà les murs gris de la cité d'ocre, l'appel se fait plus pressant.
Les oiseaux cherchent une route illusoire. Les chats cherchent à s'abriter, délaissant les danseurs.
Les flammes soufflent sur le foyer douloureux, ressuscitant les tisons.
Le voile d'ébène court sur les venelles, étendant son emprise aux places, rues, ruelles, portes cochères, glaçant les reflets des couleurs en une immense toile dénuée de nuances.
Ca et là les gens s'affairent, qui à rentrer ses pinceaux, qui à lever les rideaux, qui à descendre les volets, ou à fermer les portes.

Lentement, immuablement, les ombres sont à l'œuvre, gangrenant les couleurs d'une noirceur maladive, surprenant les passants de par l'heure hâtive.
Déjà les yeux rouges surveillent le quartier, où les multiples plans de l'arbre courent et s'allongent, entrelacs de noirceurs animées d'une vie soudaine, s'unissant doucement dans une toile informe naissance de l'uni ; déclin des nuances.

Ewelf se fige. Elle aussi est touchée par le signe. Elle sert la main de son frère.
Comme elle l'aime.

Agone ne le voit pas, tout occupé à ne penser qu'à elle. Ces maudits marais, cette longue agonie, le tumulte de la guerre. Combien de fois, depuis a t il songé à sa muse .... il ne sait plus. Il se sent las, et déjà le destin des royaumes se fond dans les ombres du masque.

Mille bises
Gaëlle

_________________
Le rêve est la raison d'un seul
La réalité est la folie de tous


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