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Balafres et mise à terre VIII


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 Sujet du message: Balafres et mise à terre VIII
MessagePublié: 24 Avr 2008, 11:06 
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Safran
Safran
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Inscription: 17 Sep 2007, 06:50
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Localisation: Entre Vercors et Brocéliande
Fébrilement j’ouvris le livre. Il irradiait une magie ancienne d’une puissance incommensurable. Les mots ne servaient qu’à décrire une ébauche de leur intrinsèque quintessence, et au fur et à mesure que j’avançais, ils s’ordonnaient d’eux même dans une fresque imagée et captivante.

Les murs s’écartaient jusqu’à disparaître, et les mots, libérés de leur carcan sémantique glissaient pour construire ce qu’ils servaient à décrire.

Tout d’abord il y avait un espace intersidéral fait de matières en suspension, qui semblaient tourner autour d’un axiome invisible et puissant. Entre ces morceaux de planètes glissait un éther insondable et fougueux, qui malmenait les astres au gré de ses fantasques tribulations. Il évoluait sans amarres, ignorant qu’il puisse exister autre chose que cette liberté absolue et parfaite.
Mais ses périples lui étaient dictés, même s’il ne le savait pas. Car ces vents si puissants soient ils, ne naissent qu’avec l’approbation des géants galactiques, et ce sont eux seuls, qui ordonnancent le grand tout.

Un instant dans l’immensité universelle, quatre de ces géants élémentaires se détachèrent d’autres galaxies lointaines où ils observaient la croissance des mille mondes, des mille univers. Dans une poussière d’orichalque, ils se matérialisèrent dans les flux dansants des insondables éthers, suivant leurs destinées réciproques.

Soudain dans le néant astral quatre êtres évanescents, aux plastiques parfaites, fluides et ambitieuses se retrouvèrent. Instant magique où le grand rouage s’arrête dans sa course folle, afin de faire taire les vents des Cosmes.
Ainsi les quatre Muses s’approchèrent l’une de l’autre, se jaugèrent, se découvrir et se sourire. L’Harmonie s’incrémentait doucement dans le grand néant des destins, la toile prenait forme, les mondes accouchaient d’une nouvelle planète.

Longtemps les quatre esprits élémentaires se muèrent en une symbiose exquise, d’où jaillirent parfums, fragrances, décors, sons, contes, et ces mille zestes de choses qui s’unissent patiemment pour créer un Monde.

Orphèle, Nuence, Stance et Cysèle dansaient avec une grâce fabuleuse.

J’étais enivrée par la beauté de leurs ballets, j’assistais, fascinée à l’émergence d’une éminence, qui sortait du néant, du vide absolu, qui n’avait de vie que les multitudes de tourbillons gracieux des Muses, qui, unies, en totale osmose, donnaient un souffle inspiré à cette création.

D’abord floue et grise, l’éminence se transformait lentement.
Déjà perçait le papillon sous la chrysalide insipide.
Les couleurs prenaient formes, délicates et timides, comme une rose qui ouvre sa première corolle d’un blanc immaculé toute irisée de givre. Les nuances prenaient corps façonnant les mille décorums de cette terre de lumière baignée. Les verts, les ocres les pastels, les rouges carmins se disputaient les ors diffus, les oranges cendrés, les jaunes subtils, véritables feux d’artifices, et de cette multitude naissait la beauté.

Sublimes harmonies partagées, chaque Muse offrait à cette terre qui naissait sous mes yeux, son plus précieux cadeau, son essence, sa vie sa quintessence, l’auréolant d’une perfection à peine esquissée et déjà sublimée.

Alors que cette terre prenait sa place sur l’échiquier des mondes, le grand tout relança la grande roue, et le temps s’écoula à nouveau libérant les vents.

Un nouveau monde venait de naître !

Les Muses descendirent alors sur cette nouvelle terre, et la nommèrent l’Harmonde. Il leur fallut encore longtemps pour créer et magnifier tout ce qu’elles touchaient, afin de créer la vie, les fleurs, les animaux, l’eau gracieuse et nonchalante des lacs, les ressacs de la mer, la houle bruissante, le vigoureux courant des torrents de montagne.

D’écrins en écrins l’Harmonde se transformait, tout n’était qu’équilibre et beauté.

Elles parcoururent ces terres baignées de lumière, et n’en oublièrent aucun recoin. Elles se retrouvaient parfois, et éclairaient leurs sœurs des joyaux qu’elles avaient pu voir, partageant tout leurs savoirs afin d’atteindre l’ultime perfection.

D’étape en étape elles créèrent les Excellences comme les dragons, les Merveilles, chargées de veiller sur les lieux enchantés où elles (les Muses) faisaient halte.

J’en apercevais beaucoup, essayant de les retenir, il y avait des forêts profondes, une clairière, un sous bois, une cascade, une île, des étangs, une grande dune, des à-pic vertigineux, un grand désert de glace, une montagne noire irisée de rouge, dans laquelle vivait un grand dragon, et le château flottant aux mille passerelles, avec ses tours de cuivre et de briques, qui se hissaient vers les cieux.

Bouche bée je regardais la création de ce castel, à l’aube ses temps, il y avait des milliers d’années, alors que j’y séjournais maintenant !

Il y avait d’immenses bibliothèques, des masses de savoir datant du Zénith étaient entreposées sur ces rayons.

Je voyais des créatures serpentines au corps nuageux, qui virevoltaient autour de Stance, avant qu’elle ne s’éloigne.
Puis l’une d’elles, très imposante, se lova autour du castel. Il semblait maintenant ancré sur un immense nuage, puis elle bâilla, et s’endormit alors que la Muse déposait un baiser sur sa tête alanguie.

Quand elles jugèrent qu’elles avaient à peu près tout établi, elles décidèrent de s’unir afin de parfaire cette sapience absolue, et entamèrent le rituel.

Je regardais, subjuguée, se dessiner les desseins de l’Harmonde.

Alors qu’elles s’attendaient à ne faire plus qu’un corps, un immense nuage noir éclata au dessus d’elles et de leur sanctuaire.

Il se déchira maintes et maintes fois, crevé par de puissants éclairs qui irradiaient jusqu’au bas des falaises laissant courir d’énormes boules de feu qui glissaient sur les flots de la rivière en contrebas.

Elles furent projetées aux quatre coins de la clairière, leurs habits déchirés par endroits laissaient apparaître leur peau diaphane et fragile.

Au milieu du sanctuaire, un être, totalement nu, avait pris corps. Il était évanescent et glabre, puis peu à peu il se matérialisa d’avantage. Son visage était d’une pureté extraordinaire, il avait un visage totalement lisse, comme dessiné par les plus grands artistes inspirés des arts magiques. Un adolescent peut être, aux traits fins presque asexués. Seuls ses yeux noirs de jais, le rendaient quelque peu effrayant.

Revenant à elles les Muses s’approchèrent interdites. Elles lui sourirent cependant, et après un long moment l’accueillir avec une joie non feinte. Puis elles partir à nouveau gambader dans les contrées de l’Harmonde.

Les images s’estompent, les murs réintègrent leur place. Je suis à nouveau dans le palais. Le livre se ferme doucement. Une onde parcourt le grand couloir, comme un frisson colossal.

Je prends doucement conscience que je suis dans un puit de sciences. Les mille récits de l’Harmonde sont ici, quelque part, avec des milliers d’années de savoirs, des trésors de culture, tous à portée de main. Jamais je ne me suis sentie aussi forte, invulnérable, et ce feu intense qui brûle dans ma poitrine.

Chaque étape de mon voyage m’ouvre une multitude d’horizons divers, des antres de réflexion, et nombre de nouveaux savoirs, et autant d’aperçus différents, qui me permettent d’appréhender les choses avec recul, en confrontant les souvenirs que j’en ai. Je sens que mes valeurs changent, les mécanismes de ma pensée s’intensifie, je ne juge plus, je regarde, simplement, j’essaye toujours de comprendre.

Je sais que je trouverai ici les réponses que je cherche.

Peut être retrouverai-je Jinkar !

La quête de Cupidéa prendra t elle sa signification ici.

Et ces marchands qui nous ont attaqués, qui sont ils, comment sont ils devenus des guerriers acharnés ?

Sont ce les Anciens qui les ont envoyés pour protéger ce passage ?

Trouverai je ici le moyen de contrer les projets fous de la tante d’Azuréa.

« Cette multitude naît de la multiplication des points de couleurs, n'oublie pas petite, le secret de l'ultime perfection, le carré sacré des Muses ... »
Ces mots résonnaient dans ma tête, comme un échos qui ne veut pas s'éteindre, « c'est toi qui a la clé maintenant ... »
Mais ne dit on pas que les rêves nous permettent de parler aux Muses ?

En repensant à ces phrases échangées jadis, je leur trouvais un nouveau sens, elles me parlaient, m’éclairaient, renforçaient mon idée du chemin parcouru, et je leur trouvais déjà de premières réponses.

Je le devais à tous ceux qui étaient morts pour moi, je devais y arriver !

Mille bises
Gaëlle

_________________
Le rêve est la raison d'un seul
La réalité est la folie de tous


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