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Errances sans concessions
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Auteur:  Gaëlle [ 24 Avr 2008, 10:41 ]
Sujet du message:  Errances sans concessions

Les louves rôdent au delà des longues plaines gelées d’orgueil.

Même les corbeaux, messagers d’Odin se terrent dans les soubresauts des mille cavernes des enfers limpides, glacés, déserts.

Quelques fois encore, les jeunes femmes descendent en cortège des houppelandes blanches, Walkyries assoiffées de vengeance, qui n’attendent qu’un seul signe de ce destin incongru.

Les lourds drakkars dansent, insaisissables, sur les lames de fond, qui heurtent la banquise, alors que se perdent les incertaines intuitions, au devant des brumes du Nord.

Nuées fumantes, lourdes de remords, glissent sur les crêtes dressées de nos terribles sentences, alors que le marteau de fer, hésite quelques instants, dressé vers des cieux pleins de ires, avant de trancher les chairs, dans un bruit de bois mort.

La tête roule dans un souffle court, sur la neige éclaboussée, destin funeste d’un danseur de lune, au delà des éphémères espérances d’une douloureuse complainte déjà gelée, avant même de naître, avant même de n’être…

Juste le vent dans les voiles des navires, qui claquent dans les blizzards dévastateurs. Ils annoncent l’hiver, implacables messagers d’un temps qui passe, qui passe, qui trépasse.

Barbe déjà longue, trop blanche de givre, et les yeux perdus dans le lointain d’un infini, déjà dépassé.

Les dés roulent, ivres et libres, avant de glisser sur une face abrupte, à la croisée des chemins de nos douloureuses perditions. Joutes incessantes entre les derniers arcanes, sous les combats des archanges, dans la grisaille bleutée des jours qui se perdent à leur tour.

La lune éclaire encore le cimetière. Décharnées métaphores qui gisent, inexpertes, dans les vagues de nos sombres nuits d’ivresse, alors que nous hantent trop souvent nos derniers conciliabules.

La Mort sourit, trop humaine, préparant déjà son bras décharné, qui s’arme pour jeter à son tour un dévolu ironique, sur une vie ... qui ne l’est déjà plus tout à fait.

La mort dans l’âme, je ris, de ces déconvenues outrancières, en regardant le manège d’une cohorte incrédule, qui se disperse en errance, sur les bien mornes plaines.

Sourire sadique d’un cheval mort, qui pèse déjà sur le délicat équilibre des forces, désaxées.

Que de larmes à venir, au delà des insouciances maladroites, et fleurissent déjà, les roses aux noirs pétales.

Si la vie vaut encore quelque chose, dans ce monde de dupes, à combien se monnaye t elle, sous les haros de ces pauvres hères livrés aux hyènes haineuses ?

Glisse, immoral, le cercueil blanc de la jeune ballerine, dernier catafalque d’une vie qui s’enfuit dans les fragrances des fleurs coupées, déjà mortes, étranges épitaphes au glas de mon trépas.

Grands cœurs malades, les légions sclérosées se hissent sur le contrefort de leur peine, étendard sanglant et levé, je ris de leur désillusion.
Claquent les dents, harpies en charpies de ces derniers compagnons, qui fuient les crocs de leurs âmes … déjà bien en peine.

Les louves se rapprochent, cirque concentrique qui se fige un instant comme l’ombre des prédateurs, larmes amères de ces restes d’hommes, qui croyaient encore un peu à la beauté du Monde, à la valeur des songes.

Adieu compagnons d’infortune, là s’arrêtent vos prières, lentes agonies aux confins des sordides espérances, filent vos vies qui défilent le lent écheveau de vos ultimes illusions.

Mur de poussières glacées, dans les brumes de vos cauchemars, le soleil n’existe plus, l’amour vous quitte doucement, asséchant à jamais vos veines inutiles.

Cœurs en peine, je vous plains, dernières épitaphes, sur les sentes gelées de vos jardins secrets.

A Dieu, adieu ... le Diable n’est plus très loin.

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