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L'homme qui murmura à l'oreille d'un haut diable


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MessagePublié: 24 Avr 2008, 10:35 
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Safran
Safran
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Inscription: 17 Sep 2007, 06:50
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Localisation: Entre Vercors et Brocéliande
Il y a de nombreuses années, les rares livres encore intacts relatent une époque quelque peu révolue, dans les relents anciens des mille mancies aux sombres arcanes.
La vieille tour, la ruine, l’autre tombe, autant de mots chuchotés par les soirs sans lunes, par peur des représailles, qui désignaient la tour sombre de la vieille forêt.
Jamais personne ne revint de cette étrange passage, jalousement gardé par une forêt d’épines et de ronces tordues et mouvantes, qui happent et arrachent chairs et vêtements des rares inconscients venus à la lisière de la clairière interdite. Personne, sauf un !

Jadis Escartegule, un bien honnête colporteur, docteur et bonimenteur, arriva, par le plus grand des hasards, dans ces contrées mystérieuses, alors que le fief ne s’appelait pas encore Farmence, mais Crânaterre.

Il arriva par distraction aux abords immédiats de la vieille tour. Il avait dans ses affaires quelques artefacts qui intéressaient sûrement le seigneur des lieux, ce qui fit qu’il n’eut pas trop de mal à atteindre le cœur des sombres bois.

Il avait entendu parler de ces forges miraculeuses, d’où venaient quelques unes des plus belles armes de tout l’Harmonde, et, Macasparine, Gros de la ville abyssale, lui avait demandé de lui rapporter une lame noire de la Tour de Crânaterre.

Aussi, avait il jugé opportun de se munir de quelques unes de ses plus belles pièces, afin de monnayer la transaction.

Il avait une fâcheuse habitude, qui était de noter avec beaucoup de scrupules, tout ce qui se passait dans ses journées d’errance. Et c’est là, que j’ai trouvé ce bien curieux manuscrit.

« - Certes la lumière fuit par delà les grandes ramures séculaires de ces arbres géants. Je n’y vois pas plus loin qu’à dix pas et quelques coudées. C’est étrange, je suis comme absorbé par cet immense géant de verdure, ma mule n’est nullement effrayée, et les ronces et les halliers, semblent s’ouvrir sur notre route.
Je ne sais pas s’il est tôt ou tard, la lumière ne franchit pas cet antre, surprenant catafalque de silence absolu.

C’est à peu prés à ce moment, que je les ai vu !

Nus, ils dansaient des sarabandes endiablées, le regard vide, inexpressifs, comme morts et animés d’une transe ancienne qui ne trouve pas son terme. Il y en a de toutes tailles, des grands, hideux et noirs, reptiliens, des plus petits, des moyens aussi, parfois, bien qu’ils soient plus rares.
Le plus surprenant c’est qu’ils dansent sur une mélodie douce, loin de la rythmique désordonnée qu’ils donnent à leurs mouvements répétitifs.

Je vois un grand être de la nuit, il est très haut, et seuls ses yeux rouges et mauvais, traversent l’étrange brume âcre qui l’entoure. Il a des cornes droites et hautes, taraudées comme des dents de narvals, de ceux qui servent de montures aux sirènes de la mer d’Orion, lorsqu’on voit s’approcher l’étrange conque noire. Il frappe sans relâche sur un balafon noir, qui roule longuement les sons caverneux qu’il fait naître dans les veines torturées de ses planches disjointes.

Je sais qu’il m’a vu, il sourit même peut être derrière le rideau de ses fumées.

Les dernières branches s’ouvrent, et j’arrive dans la clairière. Il fait nuit. Une lune pâle éclaire la scène. Des milliers de squelettes, humains, saisonins, animaux, tintinnabulent, accrochés aux branches de l’orée, et semblent participer à cette cérémonie.

J’arrête ma carriole.

Sur un tertre, il y a une tour, parfaitement carrée. De longues oriflammes noires glissent sur les murs, accrochés aux créneaux, et flottent dans le vent.
L’odeur est soufrée, presque irrespirable.
Je m’approche et je salue le joueur. Il me fait un vague signe, et m’indique la tour.
J’escalade péniblement la colline, elle est faite de lave durcie et torturée. Il n’y a personne. Je rentre et je vois de grandes flammes, quatre brasiers gigantesques, qui ne sont entretenus par personne.
Pas de soufflets, pas de bois, pas de forgerons, juste des brasiers âcres et acides.
Au milieu des flammes, des lames noires se tordent en crépitant, et se forgent toutes seules. interdit je m’arrête et j’observe cet étrange spectacle.

C’est là qu’il m’a interpellé.

Il était grand, vêtu de pourpre et de noir, et ses longs cheveux gris descendaient en cascades le long de son dos. Il était d’une complexion malingre, et ses yeux blancs, comme crevés, me fixaient intensément.

A ses côtés, deux fées noires dansaient une étrange valse à douze temps.

- As tu la pierre ?
- Bien le bonjour noble ami, tu veux parler de la gemme ?
- De quoi penses tu que je puisse parler, rien ne vaut cette pierre, vois tu, misérable !
- Certes, certes, mais il vous en coûtera quelques lames en retour, et l’assurance de sauver ma vie.
- Ah AH Ah, misérable crapaud, tu te crois en mesure de monnayer ta vie ?
- Non ô très grand, mais je parlemente, vois tu, c’est là mon métier, j’ai des dizaines d’enfants à nourrir !
- [Il crache avec dédain], - Vermisseau, tu es seul, tu l’as toujours été, depuis ton retour du sanctuaire, alors ne cherches pas à m’arracher une quelconque compassion, maudit mécréant. DONNE MOI la pierre !
- [Regardant avec confusion le cratère fumant naît de son crachât] Heu, oui, bien sûr, la voilà, très grand, Maître des illusions !

Je me souviens avoir ouvert mes sacoches, abîmant le bât dans ma précipitation.
Je lui ai alors tendu l’étoffe, qui contenait la gemme. Il me l’a pris délicatement des mains, l’a observé longuement, et d’un violent coup, brutal, il la jeta dans l'un des foyers.

Il y eut alors une telle fumée, que je ne pus voir ce qui se produisit alors.

Je suis resté de longues heures évanoui, et c’est sous les rayons d’un chaleureux soleil, que je me réveillai, bien plus tard, sur un chemin creux, aux côtés de mon baudet qui piaffait d’impatience.

Sur le bât, il y avait une autre sacoche en cuir noir.

Je l’ouvris avec précaution : elle contenait douze lames noires, totalement identiques.

Au loin, impénétrable, se dressait les hauts troncs séculaires de la forêt des osselets.

J’ai depuis vendu mes lames, au quatre coins de l’Harmonde, mais je sais, au soir de ma vie, que ce jour là, j’ai avancé le pion masqué d'un Eternel, et, sans doute, ai je contribué au déclin de cette belle Harmonie.

Jamais je ne me le pardonnerai. »



C’est là cet extrait dont je voulais vous parler. Il parle de choses et d’autres, qui sans doute un jour, auront leurs importances.


Mille bises

Gaëlle

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