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quelques mots de la ville ...


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 Sujet du message: quelques mots de la ville ...
MessagePublié: 23 Avr 2008, 22:34 
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Safran
Safran
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Inscription: 17 Sep 2007, 06:50
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Localisation: Entre Vercors et Brocéliande
Le ballet des automates, qui se croisent sans se voir, sans sourire, sans prendre un instant, le temps de regarder ceux qui dansent juste à leur côté.
Métronomes assermentés aux mécanismes bien huilés, les bouches de métro vomissent leur trop plein de vies, qui s’ébranlent sans regards, atones et diaphanes, dans les inextricables dédales de ces forêts d’incertitudes, qui gangrènent ces nouvelles forteresses que sont devenues leurs âmes.
Ils errent et se pressent, vers leurs ineffables futurs, tout entier tournés vers leurs propres vides, comme des greniers déserts, sans malles ni malices, que des jouets cassés.
Semblant de vies trépidantes, résignées, ils essaiment leurs restes de folies dans les parterres de fleurs, qu’ils n’admirent même plus, trop usés à courir pour attraper le bus, l’ascenseur, ou la rampe salvatrice, qui les guidera vers leurs solitudes.
Derniers tours de clés, les voilà enfermés, ils respirent l’air de rien, libres de se regarder, miroirs déformés qu’ils dévorent sans se soucier des autres, bien au chaud dans leurs douillettes promptitudes.
Ils crient et se fâchent parce que le voisin fait du bruit, parce que les enfants pleurent, ou que la télé grésille pour finir par se taire.

Et dans les vieilles coupoles, pierres brutes et sanctuaires, les gisants des chevaliers pleurent, au delà des idées folles.

Elles passent, anodines, se faufilent entre les voitures, glissent doucement, évitent les réverbères, mais les voitures lisses ralentissent, stupre hâlé des vitres teintées qui coulissent, l’œil torve et hagard, sur les courbes trop blanches de ces petites filles, sans papiers, agitées, affolées, proies faciles, dociles imbéciles.
La seine pleure doucement des larmes de sang, dans les flaques puantes de ces cloaques malsains, essaims de mâles en rut, qui bourdonnent vers ces ailleurs purulents d’une société balbutiante et perverse.
« Ma fille sera reine », soupire la belle demoiselle, arrachant cet argent sale, des mains trop poisseuses de ceux qui la déshabillent tout en bas d’une ruelle.
Larmes de sang, d’amour et de haine, qui se croisent, incertaines, sur les cantines en fer des vieux gazogènes, toxique engeance des derniers soupiraux, qui exhalent les fiels infidèles.
Au delà de cette impasse, les remous de la seine, que survolent les ponts d’ébène flanqués de belles flanelles. Triste constat, déliquescente opale, je regarde l’opéra qui brille de mille feux, c’est la première ce soir, du ballet des automates …

Et dans les vieilles coupoles, pierres brutes et sanctuaires, les gisants des chevaliers pleurent, au delà des idées folles.

Les vieux quartiers se mirent dans les reflets bleutés des sirènes de pompiers, gyrophares dérisoires, quelques ronds dans l’eau. Une haussière en guise de linceul.
Elle avait quinze ans à peine, et … quelques ronds dans l’eau.

Belles demeures, lisses et blanches, Haussmann de génie, derrière les triples vitres les gens rient et se massent, pour une fois qu’ils ont du spectacle, juste sous leurs fenêtres, hermétiquement fermées. Ils se gaussent de la blancheur trop lisse de cette fillette trop triste, aux courbes trop fragiles, et son corps dénudé, exposé, étalé, comme le seing féroce d’une vie malmenée.
Vers où courrons nous ?
Quel diable de poussière s’est emparé de nous ?
Avilis et bornés, les gens se pressent, encore et toujours, vers les arcanes insondables des frontières cupides des banques de renom. L’argent est sale, mais il reste vital et ferme les visages d’une terrible grimace.
Les mille tours de verre se pavanent, crachant à la face du monde leurs relents d’égoïsme, tapis rouge et marbre blanc, une image du sahel, pour se donner bonne conscience, et des tonnes de billets, qui s’amassent à la pelle, dans une salle des coffres, grande comme la tour Eiffel.
Cœurs secs et décrépis, au delà des folies ordinaires, comme les cordons d’une bourse tendue, chiens de garde et armes de poing, pour défendre cette âme trop perfide.
Adieu les bonnes résolutions, il faut nettoyer les pavés et se débarrasser des pauvres, ils trainent des maladies, parasites édentés et macabres, qui s’amusent et qui rient,et qui dansent des sarabandes jusqu’au bout de la nuit.
On se terre, et on erre, on ne se regarde plus, des fois qu’il aurait un sourire, et qu’il faudrait le rendre, terrible sacerdoce, œillères goudronnées sur les pavés lavés.

Et dans les vieilles coupoles, pierres brutes et sanctuaires, les gisants des chevaliers pleurent, au delà des idées folles.

Traits de craie malhabiles, elle jette la pierre, qui roule sur l’asphalte. Cloche pied, et charabias, ils battent des mains, rires cristallins qui résonnent sous les voûtes de la cour. Ca y est, tu quittes l’enfer, et te voilà au ciel. Juste une marelle, un … deux … trois petits soleils, qui brisent les carcans et renversent le moule. L’enfant est l’avenir de l’homme, loin des fards de circonstance, il garde intact ce petit trésor, qui dessine des lunes sur nos lèvres gercées. Soudain il se tait, médusé, regardant un oiseau qui chante simplement, les yeux pleins de merveilles.
Sourires embusqués, qui jaillissent de nos faces d’albâtre, usées et recroquevillées, par un temps assassin, qui ride nos peaux tannées. Le père Lachaise égraine au loin les derniers coups de glas, de nos vies usurpées.
Comme frappés de stupeur, on ouvre les yeux, aveuglés par le soleil qui brille, si loin, au dessus de nos habitudes, éclairant ce vieux banc qui contemple la scène.
Alors on prend un peu de temps, pour savourer cet instant, se gargariser du rires de ces enfants, qui détiennent, peut être, l’ultime vérité.
Tout va moins vite, tout ralentit, fragrances de jasmin que transporte une bise amicale, regards échangés, dans des yeux étrangers, qui chasse la peur et ouvre les cœurs.
Les enfants applaudissent, elle saute à l’élastique, et la craie se casse, en dessinant une fleur.
Vapeurs d’encaustique, rais de lumière qui dansent en ballets consciencieux, le grenier retrouve ses coffres, et ces trésors d’enfants, que renferment les malles, dans des rires chantants.
Le vieil automate est cassé, il a perdu sa clé, et reste là assis, sur un coin du panier.
Deux mains se cherchent, se trouvent et s’enlacent, contemplant un vieux cœur et deux lettres enchâssées, gravés dans le bois du vieux banc tout usé.
Deux lèvres qui s’unissent, et la vie magnifique, l’amour est le plus fort, les enfants sont les rois, et déjà se relèvent les gisants des vieilles coupoles…

_________________
Le rêve est la raison d'un seul
La réalité est la folie de tous


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MessagePublié: 23 Avr 2008, 22:47 
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L'Ombre
L'Ombre
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Inscription: 12 Sep 2004, 20:34
Messages: 2378
Localisation: Agen
Franchement , ça fait plaisir de te revoir écrire... :D

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T'as peur dans le noir??


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MessagePublié: 24 Avr 2008, 04:05 
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Ambré
Ambré

Inscription: 17 Nov 2007, 21:34
Messages: 127
Localisation: Sur les routes modéhennes
Révérence et chapeau, demoiselle Gaëlle.

Saluant bien bas,
Feller

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