Souffre-Jour.com http://www.souffre-jour.com/phpbb2/ |
|
Le chant de Forombre - Acte II http://www.souffre-jour.com/phpbb2/viewtopic.php?f=30&t=390 |
Page 1 sur 1 |
Auteur: | Encelant [ 21 Avr 2007, 10:21 ] |
Sujet du message: | Le chant de Forombre - Acte II |
LE CHANT DE FOROMBRE PERSONNAGES NYSSINE : fée noire ALMIEN D’ARCANDE : fils d’Eléane d’Arcande KODEMAR : nain de la nuit, commandant de Forombre GEMKIR : nain, capitaine des gardiens des lois de l’Equerre DIRKAKREG : nain, général des gardiens des lois de l’Equerre DEUXIEME ACTE Epoque : 1016 après l’Eclipse. Lieu : Forombre, forteresse construite par les nains de la nuit dans les contreforts sud des Cimes Brunes. Une grande salle circulaire, en haut d’un donjon médiéval. La pièce est nue. Au centre, un piédestal de pierre noire aux formes brutes couvert de symboles démoniaques. Juste au-dessus se trouve une ouverture dans le plafond, close par deux volets de bois. Trois meurtrières et une grande porte percent les murs. Cette dernière donne sur une autre pièce. Scène I NYSSINE, ALMIEN Il fait nuit. La pièce est éclairée par une petite lanterne posée par terre. NYSSINE est seule et regarde par une des meurtrières NYSSINE Déjà vingt jours qu’ils nous assiègent. Et ces idiots de l’Equerre n’ont toujours pas compris que nous ne nous rendrons pas. Eh bien ! Qu’ils restent sous nos murs aussi longtemps qu’ils le voudront ! Ils seront ainsi au premières loges pour admirer le triomphe des Abysses. ALMIEN entre NYSSINE Almien, que fais-tu ici ? Viens-tu m’annoncer ton succès ? ALMIEN Mon succès ? Il rit, amer, et poursuit d’une voix rageuse Mon échec, plutôt ! Car, une nouvelle fois, j’ai lamentablement échoué ! Il faut se rendre à l’évidence, petite mère. Vous avez fort mal placé votre confiance. Je n’y arriverai pas ! Pas plus cette nuit que demain ou un autre jour ! Je suis impuissant à mettre la dernière touche à l’artefact. Tout a été fait en vain. NYSSINE Allons, Almien, reprends tes esprits. L’Ombre elle-même t’a désigné pour accomplir son plus grand dessein. Tu ne peux échouer. Tu n’as besoin que d’un peu de temps pour parachever ton œuvre, voilà tout. Et ce temps, tu en disposes grâce à cette invincible forteresse. Bientôt, j’en suis certaine, ton talent d’Harmoniste sans pareil éveillera la pierre bénie par le sang de ta défunte mère. Et alors s’étendra la nuit éternelle que les enfants de la Ténèbre attendent depuis si longtemps. Ils répondront à ton appel et monteront par légions entières à la conquête de la surface. Leur force libérera les hommes et les saisonins du joug de Janus et de son frère. Et une nouvelle ère débutera. ALMIEN Tu rêves, petite mère. Les espoirs que tu as placés en moi t’aveuglent. Tu ne perçois pas les limites de mon pouvoir. Mais moi, je ne les connais que trop. Chaque fois que je touche l’œuf que mes mains ont si patiemment sculpté, j’entends la Flamme que tu m’as léguée rire en mon tréfonds. Elle, elle sait bien que je n’arriverai à rien malgré tous mes efforts et se moque de mes dérisoires tentatives. Autant souffler sur une montagne en espérant la faire avancer ! NYSSINE Comment oses-tu ? Je t’interdis de parler ainsi ! Tu n’as pas le droit d’abandonner ! Pas après la promesse de vengeance faite sur la tombe de tes parents ! Pas après les sacrifices que nous avons consentis ! Aurais-tu donc tout oublié pour ainsi baisser les bras ? ALMIEN Certes non ! Je n’ai rien oublié. Je n’ai pas oublié le massacre des Arcande, le meurtre de mes parents et la disparition de mon aimée. Je sais que, comme eux, j’aurais été la victime des ennemis de la Déesse si tu ne m’avais pas protégé. Je sais ce que je te dois, petite mère. Mais depuis que la puissance de nos ennemis est déployée sous nos murs, j’entrevois la vanité de nos efforts. Comment lutter face à tant de puissance et de perfidie ? NYSSINE En réalisant ce pour quoi tu as été choisi. ALMIEN N’as-tu donc rien entendu de ce que je t’ai dit ? Je n’en suis pas capable ! Je ne suis pas celui qui donnera vie à l’œuf de l’orage. NYSSINE Et qu’est-ce qui te permet d’en être aussi certain ? ALMIEN Je le sais ! Je le sens ! NYSSINE, furieuse Imbécile ! Heureusement que tes parents ne sont plus là pour entendre ça ! Ils seraient plus que honteux de voir leur fils ainsi abdiquer devant leurs meurtriers ! Tu désires abandonner ? Tu préfères céder au découragement que de lutter ! Très bien ! N’en fais qu’à ta tête ! Entraîne le nom de tes prestigieux ancêtres vers l’oubli ! Rejoins ta lignée dans la tombe ! Mais ne compte pas sur moi pour cautionner ta lâcheté ! ALMIEN Je ne suis pas un lâche ! NYSSINE Il n’y a pas d’autre mot pour désigner celui qui tourne le dos à ses responsabilités ! ALMIEN Tu es soudain bien dure, petite mère. NYSSINE Tu m’y obliges, jeune écervelé ! Ici, tu es bien le seul à douter de tes capacités. Nombre de serviteurs des Abysses sont déjà morts pour assurer ta survie. Penses-tu qu’ils se seraient sacrifiés pour une personne en laquelle ils n’auraient pas cru ? Et que dire des ennemis de notre Déesse ? Imagines-tu qu’ils se seraient donnés tant de mal pour te poursuivre et éliminer tous les tiens s’ils n’avaient pas cru en ton pouvoir ? Auraient-ils rassemblé une si puissante armée pour venir te chercher jusqu’ici si c’était le cas ? Réfléchis un peu ! ALMIEN, d’une voix perdue Peut-être… Je ne sais plus… Je ne sais plus quoi faire… Petite mère, aide-moi… S’il te plaît, dis-moi ce que je dois faire… NYSSINE Elle vole jusqu’à ALMIEN et, restant en l’air, prend son visage dans ses mains et parle d’une voix douce Il n’y a qu’une chose à faire. Redresse-toi et montre à tous que le courage des Arcande coule dans tes veines. Crois en toi, comme je crois en toi depuis le premier jour, et tu parviendras à défricher la voie ardue que la Ténèbre t’indique. Pardonne mes paroles blessantes, mon petit. Je ne cherchais qu’à te montrer à quel point tu t’égarais. ALMIEN Une fois de plus, tu me sauves, petite mère. Il poursuit, plus assuré Il ne me reste qu’à retourner à mon labeur et à dompter ma Flamme récalcitrante. Oui. Je m’en sens à présent capable. J’y parviendrai. Je n’ai plus de doutes. L’orage se déchaînera bientôt sur l’Harmonde et voilera à jamais le soleil. Je te le jure ! NYSSINE Voilà qui m’enchante, mon petit. Je te retrouve enfin. Je vais t’accompagner jusqu’à ton atelier. Ensuite j’irais dire deux mots à Kodemar. Elle prend la petite lanterne et quitte la pièce avec ALMIEN Scène II NYSSINE, KODEMAR Le jour se lève. Par les meurtrières, on aperçoit un ciel pur. On entend une grande clameur et les bruits d’une bataille toute proche. Des ordres sont criés dans une langue étrange. NYSSINE entre, suivie de KODEMAR NYSSINE Malédiction ! C’est à croire que nos ennemis ont été informés de l’imminence de notre réussite. Ils se battent comme des forcenés. Je ne puis malheureusement en dire autant de vos troupes ! Vos frères de race et vos mercenaires font piètre figure en regard de l’armée naine. Est-ce là tout ce dont vous disposez pour protéger cette place forte ? Une bande de lâches et d’incompétents ? KODEMAR Si nos ennemis n’étaient que des soldats, vénérable, la bataille serait en notre faveur. Mais, dans la nuit, des mages ont rallié leurs rangs. Forombre est le fruit de la science de ma race. Et il y a tout lieu d’en être fier. Les racines de ses murs s’enfoncent si profondément qu’ils s’appuient sur le chambranle des portes des Abysses. Mais, aussi puissantes que soient ses fortifications, elles n’ont pas été façonnées pour résister aux Danseurs. Leurs étincelles rongent la pierre telles des gouttes d’acide une fine feuille de métal. NYSSINE Je connais le problème, maître Kodemar ! Ce que je veux, ce sont des solutions ! KODEMAR Si les hordes démoniaques venaient nous renforcer, sans doute pourrions-nous renverser le cours de la bataille. Ou, plus modestement, nous offrir un répit salutaire. NYSSINE N’y comptez pas ! Les Hauts-Diables alliés à nos maîtres respectifs refuseront d’engager massivement leurs légions avant que l’orage de noirceur ne soit entré en scène. Sur l’heure, je n’obtiendrais que quelques dizaines d’opalins et d’azurins qui seraient bien inutiles dans l’ignoble lumière du jour. Mais dès que la nuit sera venue, nos ennemis regretteront leur audace. KODEMAR Nous ne tiendrons pas jusque-là, j’en ai peur. NYSSINE Il le faut pourtant. Nous n’avons pas le choix. KODEMAR Almien aura-t-il bientôt fini ? NYSSINE Je n’en ai aucune idée. Cela peut être dans quelques minutes ou dans quelques heures. Tout ce que vous avez à considérer, c’est qu’il a encore besoin de temps. Aussi vous faut-il tenir ! Quel qu’en soit le prix ! KODEMAR Je vais faire de mon mieux, vénérable. Si cela est utile, mes nains et moi-même donnerons notre vie jusqu’au dernier. NYSSINE KODEMAR sorti, elle réfléchit à haute voix L’oracle aux serpents noirs n’avait rien prévu de tout cela. Pas un mot de ce siège ni de cette alliance entre l’Equerre et les mages. Comment ces misérables cloportes ont-ils fait ? Comment ont-ils pu découvrir Forombre et le noir espoir qu’elle abrite ? Plus j’y pense, plus j’en suis convaincue. Il y a là-dessous une félonie des plus infâmes, car elle ne peut venir que de la salle métallique. Maudits soient les Hauts-Diables qui se lèvent contre le retour de l’Ombre. Scène III NYSSINE, KODEMAR On entend un grand fracas et la pièce tremblent. L’intensité de la bataille redouble NYSSINE Par l’Ombre ! Que se passe-t-il ? Elle regarde par une meurtrière Malédiction ! Il y a une brèche dans les murs ! KODEMAR et deux nains de la nuit entrent dans la pièce en courant KODEMAR Forombre est perdue ! Nous n’avons pas assez de troupes pour contenir l’avancée de l’Equerre ! NYSSINE Et le bastion ? Combien de temps tiendra-t-il ? KODEMAR Vu à quelle vitesse les mages sont venus à bout des défenses extérieures, il ne faut pas espérer un grand répit. NYSSINE C’est un cauchemar ! KODEMAR Je crois qu’il y a des chorégraphes là dehors. C’est la seule explication que j’entrevois. De simples mages n’auraient pas pu défaire aussi vite l’ouvrage de mon peuple. NYSSINE Des Inspirés sûrement ! Il fallait s’en douter ! Maître Kodemar, nous n’avons plus le choix. Il faut sauver ce qui peut l’être encore. Aux deux nains de la nuit Allez chercher Almien ! Ramenez-moi l’artefact ! Les nains sortent en courant Je vais m’enfuir et mettre l’œuf en sûreté. KODEMAR A quoi bon ? Sans Almien, il ne sert à rien. NYSSINE Pas exactement. J’ai encore une carte dans ma manche. Je ne pensais pas en avoir besoin, mais les évènements donnent raison à ma prudence. Deux Arcande valent mieux qu’un. KODEMAR Que voulez-vous dire ? Je ne comprends pas. Un nouveau fracas ébranle la pièce et ouvre les volets qui se trouvent à la verticale du piédestal Le bastion tombe ! Maintenant, tout est perdu ! Un nain de la nuit entre en titubant. Il est couvert de sang et s’écroule après quelques pas. On entend des hurlements et des combats qui se rapprochent de la porte. KODEMAR dégaine sa hache Partez vénérable ! N’attendez plus ! Sauvez votre vie ! NYSSINE s’envole et passe par l’ouverture dans le plafond. Trois nains de la nuit pénètrent dans la pièce. Sur leurs talons, six nains de l’Equerre les chargent. KODEMAR entre dans la mêlée. Trois autres nains de l’Equerre arrivent. Tous les nains de la nuit sont tués. Quatre nains de l’Equerre restent à terre. Les autres inspectent rapidement la pièce Scène IV DIRKAKREG, GEMKIR DIRKAKREG rentre et regarde les corps DIRKAKREG Eh bien ! Où est la fée ? UN SOLDAT Elle s’est échappée, mon général. On n’a pas eu le temps de l’abattre. DIRKAKREG Rien à signaler ? UN SOLDAT Rien, mon général. GEMKIR rentre. Il tient dans une main un objet couvert par un linge. DIRKAKREG va vers lui DIRKAKREG, tout bas L’avez-vous ? GEMKIR acquiesce. DIRKAKREG s’adresse aux soldats Sortez tous ! Laissez-moi seul avec le capitaine ! Les soldats sortent. DIRKAKREG ferme la porte Montrez-le-moi. GEMKIR découvre un œuf (à peine trois fois plus gros qu’un œuf de poule cendrée) de pierre noire C’est bien lui. J’espère qu’aucun mage ne vous a vu le prendre. GEMKIR Non, mon général. DIRKAKREG Parfait. Cachez-le sur vous. Je vais dire au chorégraphe que nous n’avons rien trouvé. Dans le fond, cette fée a bien fait de s’enfuir. Cela sert nos intérêts. GEMKIR Si je puis me permettre, mon général. Si cet objet est si dangereux, ne devrait-on pas le détruire ? DIRKAKREG Nos supérieurs tireront un grand bénéfice à étudier cet objet de Ténèbre. Ce sera à eux de décider quoi faire de cet artefact. Nous sommes des soldats, capitaine, notre rôle se limite à obéir aux maîtres de l’Equerre. GEMKIR J’ai pourtant un funeste pressentiment, mon général. Cet œuf, j’en ai peur, ne pourra donner naissance qu’à de grands malheurs. Peut-être devrions-nous… DIRKAKREG Il suffit, capitaine ! Venez ! Je n’ai plus de temps à perdre avec des balivernes. Les deux nains sortent |
Page 1 sur 1 | Le fuseau horaire est réglé sur UTC+1 heure [Heure d’été] |
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group https://www.phpbb.com/ |