Ca y est, la revoilà ! Etrange et belle houppelande de pure ouate de mystère, qui enveloppe avec grâce tout ce qu’elle touche, comme un linceul, un blanc-seing de douceur et de magie. Douce guerrière à qui nul ne résiste, qu’il soit altier ou séculaire, jeune ou vieux, qu’il soit d’eau de terre de chair ou d’air, chacun sombre, comme avec une once de délice, entre les mains feutrées de cet étrange équipage, qui sème, au diapason des heures matinales, ce chapelet de perles. Branches sombres échevelées, qui s’évertuent à retenir cette fragile engeance, née de la rencontre de l’onde et du froid, comme un dernier regard énamouré aux relents de catafalque. Paresseuse et oisive, elle flotte dans ce matin d’automne, transformant tout ce qui l’approche, tous ceux qui l’approchent, en pantins de naphtaline, en épouvantails chinois, comme un jeu d’ombres claires et glacées. Pareils à des chevaliers servants, compagnons d’errance de cette nymphe en devenir, calme et volupté se pressent dans ces fragrances soyeuses, juste auréolées d’un soupçon nacré. Le grand cerf sort soudain de cette belle voilure, comme étonné de retrouver ses marques, et d’un majestueux coup de tête, il griffe ces filaments sublimes, qui résistent et enveloppent ses grandes ramures dans un tourbillon opalescent. Intrépide magicienne, elle estompe doucement les mille reflets soyeux de soi, et elle ouvre les portes d’un monde nouveau, splendide et éphémère, où se jouent les rythmes envoûtants de nos fantasques imaginaires. Rien n’existe plus vraiment, tout est à construire, à imaginer, apuré et virginal au gré de nos mille fantaisies.
Comme une stance lointaine, elle ordonne le brouillon de ce jour naissant, tutoyant les Muses surprises, qui rient en dansant avec cette onde mouvante, comme en suspension. Même les sons les plus forts baissent d’un ton à l’approche de cette belle échevelée, qui musarde doucement au son d’un balafon.
Et ce matin je me fonds dans tes bras, quintessence de mes plus beaux délices, imaginant ce monde que je ne vois pas, et riant avec les fées, dans le stupre évanescent de tes précieuses amertumes. Ö que tu es belle, dans tes grises dentelles, là, juste au milieu de ces vieilles stèles, belle demoiselle. Brume est ton nom, et déjà tu m’enivres, et mon cœur chavire, au sein de cette si douce harmonie.
J’entends tes murmures, et je ris aux éclats, de vivre ces instants, où la magie des mondes, noue les vieux chemins. Au loin l’astre flamboie, irisant tes draps de satin blanc, d’un filet de sang. Bientôt tu ne seras plus qu’un faux-semblant, comme un rêve rémanent, rendant la vie aux mondes. Alors j’attendrai l’aube, pour te voir revenir, et je danserai avec les fées, dans cet immaculé velours, heureux de te serrer très fort, douce brume de mes amours.
Mille bises
Gaëlle
_________________ Le rêve est la raison d'un seul
La réalité est la folie de tous
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