Cycle Les Crépusculaires
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Cycle Les Crépusculaires
Personnages
En conclusion
 
 
 
En conclusion

Mathieu Gaborit a dans ce premier roman réuni les ingrédients qui ont fait son succès au cours de sa - pour l'instant - courte carrière. On y retrouve des éléments classiques du genre, la magie, la découverte de soi, la quête même, mais l'auteur fait bien vite dévier cela du chemin habituel. Mathieu Gaborit déborde d'une imagination sensible, poétique, et étonnante. Celui qui a lu des milliers de page de fantasy saura de quoi je parle. Ils sont rares et précieux, ces auteurs de fantasy qui peuvent se vanter d'avoir réussi à surprendre celui qui croyait avoir tout lu.

L'inoubliable magie des Danseurs, l'omniprésence de l'art, qui acquiert ici une dimension magique... les Chroniques des Crépusculaires regorgent d'idées originales, surprenantes, poétiques… Le meilleur moyen de vous le faire ressentir est encore de vous livrer un passage du deuxième tome, les Danseurs de Lorgol, lorsque Sarne, le précepteur en magie d'Agone, lui présente le Danseur :

" Regarde son corps, admire sa perfection. On le dirait taillé dans du marbre, d'une pureté inégalée. Ce corps n'est fait que pour la danse, Agone, et nous appelons ces créatures les " Danseurs ". Vois-tu où je veux en venir ? L'effet magique découle uniquement de leur danse, des mouvements qu'ils exécutent.

J'étouffai un cri de stupéfaction. La danse commandait à la magie… J'hésitai entre l'enchantement et une profonde déception. J'avais imaginé une magie sombre et grondante. Je la découvrais aux mains de minuscules danseurs.

Sarne s'amusa de ma mine défaite :

- Mon pauvre garçon, tu réagis comme un futur Obscurantiste. Les Danseurs constituent le plus grand mystère, le plus beau aussi, de notre existence. Ils réagissent uniquement à l'espace qui les entoure. Leur corps agit comme un miroir, restituant chaque chose au travers de la magie.
[…]

- Bien sûr, les Danseurs ne sont pas des pantins qu'un enfant peut conduire au bout de quelques fils. Nous obéissons à des règles précises, à un art difficile du langage, de la dextérité et de l'intuition.

Il s'interrompit, et brusquement lança la créature en l'air. Elle se tenait droite, les bras écartés et s'envola vers le plafond en tournoyant sur elle-même. Lorsqu'elle dépassa le crâne de son maître, des étincelles bleutées crépitèrent le long de son corps. Elles naissaient dans son sillage comme le panache d'une étoile filante et dessinaient une myriade de petits traits bleus lumineux. Le Danseur oscilla, l'espace d'un battement de cils, à deux coudées au-dessus de Sarne avant de retomber vers le sol. Les étincelles, de plus en plus nombreuses, transformèrent le corps de la créature en une gerbe flamboyante. Entre-temps, Sarne avait levé son autre main qu'il tenait à plat au niveau de la ceinture. La créature s'y posa avec une agilité féline et la flamme bleue devint une brume épaisse qui s'écoula entre les doigts du mage. Lorsqu'elle toucha terre, elle se fondit dans la pierre qui s'altéra peu à peu au point de devenir transparente.

- La magie, Agone. Une magie de l'Eclipse très utile lorsqu'il s'agit de voir au travers des murs. Un exemple parmi tant d'autres. "

Les Chroniques des Crépusculaires sont un début. Le début des aventures d'Agone de Rochronde, le début de cet univers qui se développera avec Abyme et le jeu de rôles Agone, mais aussi le premier roman de Mathieu Gaborit. Et un très brillant début… Si Amertine accouche l'âme des objets, il est certain que Mathieu Gaborit dispose du même don… Sa plume et ses livres disposent eux aussi d'une âme.

 
De la deuxième à la troisième édition des Chroniques des Crépusculaires...

La principale différence entre les deux dernières versions Chroniques des Crépusculaires se trouve à la fin de l'épais volume publié chez J'ai Lu. Là où les aventures d'Agone de Rochronde trouvaient une conclusion hâtive - bâclée diront les plus critiques - se trouve désormais une longue confrontation entre le jeune baron et les instigateurs d'un complot qui faillit mettre à bas le royaume urguemand.

L'enquête menant Agone et ses alliés à leurs ennemis jurés s'étoffe considérablement. Ces derniers acquièrent par ailleurs une véritable existence, passant du statut de grands méchants qui ne vivent que pour être trop vite balayés à celui de personnages à part entière. La confrontation finale elle-même gagne en profondeur et la conclusion, légèrement différente, s'accorde sans doute mieux à la personnalité ambiguë d'Agone de Rochronde.
 

Pour les rôlistes

Les joueurs d'Agone, le jeu de rôles tiré des Chroniques des Crépusculaires et d'Abyme, y trouveront par ailleurs une situation différente de celle qui pose les bases de l'univers - décrit d'après la deuxième édition. Curieusement, alors même que Mathieu Gaborit a quitté depuis plusieurs années l'équipe d'auteurs du jeu de rôles, la nouvelle fin s'adapte particulièrement bien à l'évolution dans le royaume urguemand et ouvre de nouvelles perspectives particulièrement alléchantes pour les Eminences Grises. A explorer sans retenue, même s'il faut pour cela s'écarter, sur la base d'aménagements finalement minimes, de la ligne officielle du jeu de rôles publié par Multisim.
 
 
En résumé...

Faut-il, lorsque l'on a possède la deuxième édition, acheter absolument la troisième ?

A mon avis, les amateurs de Mathieu Gaborit, et plus encore ceux qui ont regretté la fin trop brutale de la deuxième édition, peuvent se jeter les yeux fermés sur cette ultime version. Plus riche, plus cohérente, elle démontre dans tous les cas, sans équivoque, la maturité gagnée par l'auteur depuis ses débuts. Ceux qui se sont satisfaits de cette deuxième édition n'ont évidemment pas grand-chose à y gagner. Les Chroniques des Crépusculaires deuxième version restent un très bon roman qui saura plaire aux lecteurs de fantasy. Quant à ceux qui n'ont pas aimé le roman de Mathieu Gaborit, ils ne trouveront sans doute pas plus satisfaction dans cette dernière version, à moins que la fin soit la cause de leur mécontentement… Mais peut-être devraient-ils se tourner vers d'autres romans du même auteur ? :o)

Pour ma part, je ne regrette absolument pas mon achat… je reprocherais pourtant peut-être un manque de " Gaborit's touch' " dans cette nouvelle fin. Ceux qui ont été surpris par le premier tome des Chroniques des Féals, Cœur de Phénix, me comprendront : trop conformiste, pas assez surprenante ? Difficle à expliquer : objectivement cette fin est bien meilleure, mais il lui manque peut-être le petit quelque chose qui a fait de moi un fan inconditionnel de Mathieu ;o)"
 
Thabanne 


 
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