Confessions d'un automate mangeur d'opium |
Page 4 sur 4 En conclusion : Les confessions d'un automate d'opium raviront certainement tous les amoureux d'atmosphères décalées. Sa poésie, son romantisme malicieux, sans mièvrerie, son intrigue construite et surtout ses personnages très riches et son ambiance unique font de ce livre un excellent échantillon du genre Steampunk. Si vous avez aimé Bohème de Mathieu Gaborit, Or not to be ou Arcadia de Fabrice Colin, ou même les romans de Jules Vernes ; si vous appréciez l'ambiance des salons anglais victoriens, ce passé mal connu et pourtant si proche ; si vous êtes nostalgiques de cette époque où l'homme n'avait pas encore tout à fait vendu son âme à la science et où l'on connaissait encore les charmes des belles manières, où l'on craignait encore la magie des colonies, quand l'homme savait encore qu'il n'avait pas percé les mystères de l'univers ; alors foncez, ce roman est fait pour vous. Et si ce n'est pas le cas, alors lisez quand même les Confessions d'un automate mangeur d'opium… vous découvrirez les charmes et les fastes d'un période unique. Un voyage enchanteur. Et surtout, n'oubliez pas de lire l'interview parallèle de Mathieu Gaborit et de Fabrice Colin, un même questionnaire, deux points de vue... Deux passages : " Le sol est jonché de détritus, de papiers graisseux que la pluie a rendus presque liquides et des feuilles de journaux, poussées par un vent glacial, viennent s'enrouler un instant autour de mes jambes, avant que le vent les emporte au loin. Je relève la tête. Quelques boutiques à présent, mais leurs rideaux de fer sont clos et leurs enseignes rouillées claquent dans la nuit comme des sentences, la plupart sont effacées et de toute façon, peu m'importe ce qui y est inscrit, je veux simplement partir d'ici, sortir de cet enfer de métal et de verre. Dans une vitrine, une silhouette oblongue me fixe sans bouger, une expression impavide. J'ouvre la bouche pour lui parler mais m'arrête finalement, muette de stupeur. Cette image… Je tends le bras vers elle, ne pouvant m'empêcher de trembler, et je la vois faire de même, et je ne réagis pas tout d'abord, l'idée qu'il s'agit de mon propre reflet ne me vient même pas à l'esprit, la réalité s'insinue progressivement, comme un poison, et ma raison lutte contre l'évidence, c'est impossible ! Cette chose au visage de métal, cette chose tremblante et pathétique, imitant chacun de mes gestes. Moi. " Il me restait peu de temps, à peine une dizaine de minutes, pour suivre Owen dans le jungle cambodgienne. Récits et poèmes devenaient plus graves. On le sentait anxieux, et son écriture, d'ordinaire si soignée, se déformait. Il évoquait les maladies, les insectes qui rendaient le sommeil impossible, les villages aperçus brièvement, et la présence française, hostile et bien loin de l'image qu'il s'en faisait. Il confiait ses angoisses, sa nostalgie de la Grande-Bretagne. Je tombai sur une note où, d'une écriture fiévreuse, il contait son ravissement en présence des ruines d'Angkor. Puis, dans la note suivante, un papier craquelé par l'humidité et couvert d'une écriture approximative, je le retrouvai sur un bateau birman naviguant dans le Golfe du Bengale en direction de Calcutta. |