Les Chroniques des Féals
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Les Chroniques des Féals
Personnages
En conclusion

 
 
 
Ce que j'en pense...

Mathieu Gaborit a voulu, de son propre aveu, faire de ce cycle une synthèse de son œuvre…

On retrouve effectivement l'imagination débordante qui le caractérise, mais plus jugulée que dans les Chroniques des Crépusculaires par exemple. Du coup celui qui guette à chaque page l'idée nouvelle qui le surprendra sera sans doute un peu déçu, même si encore une fois Mathieu Gaborit réussit à surprendre les vieux routards des univers imaginaires.

On retrouve aussi les enjeux démesurés de la quête du héros. Cependant le souffle épique ne prend pas toujours, le rythme se relâchant par endroits avant de reprendre, heureusement, quelques pages plus loin, vers un final haletant dont il est difficile de se détacher.

Autre point fort : les " méchants " sont bien plus complexes que ceux qu'on trouve généralement dans la littérature anglo-saxonne, et l'on se prend à espérer que cela les sauvera...

Côté style, Mathieu Gaborit n'en est clairement plus à ses débuts, et les Chroniques des Féals sont d'une lecture agréable et fluide. Le découpage du deuxième tome, partagé entre plusieurs scènes (Januel, le Charogne, la Caladre...) permet d'éviter de se cantonner au héros et enrichit notablement la personnalité des "méchants".

Par ailleurs le M'Onde est un univers très construit, cohérent, logique, avec une mythologie qui, sans être complexe, recèle son lot de surprises et de nuances. Un univers d'ailleurs parfait pour un jeu de rôles... On se surprend facilement à imaginer la sensation que doit procurer la présence d'un Phénix logé en son coeur, ou l'émerveillement procuré par l'envol d'un Griffon. Le M'Onde serait certainement un univers passionnant à arpenter... il ne reste plus qu'à réaliser le jeu de rôles, ce que certains ont déjà fait en usant du système D20 ou BASIC...


Un passage :

Pour vous mettre en bouche, voici un petit aperçu de ce qu'est la magie des Féals. Vous pouvez également découvrir le prologue du Roi des Cendres, offert par Mathieu et les éditions Bragelonne un mois avant la sortie du troisième tome.

"Les lèvres crispées, Januel posa l'index de sa main gauche sur le premier cercle et en fit le tour en épousant l'arête de chaque cristal. Ce geste ouvrait au Phénix le chemin de son incarnation. Une bouffée de chaleur explosa au visage du phénicier qui recula tant le souffle avait été puissant. Les premières flammèches apparurent. De couleur olivâtre, elles jaillirent des cristaux comme des étincelles et certaines bondirent sur Januel. Un sentiment de panique s'empara du phénicier. Il ouvrit les yeux, voulut les étouffer avec les mains, mais se retint au dernier moment. S'il agissait ainsi, il était condamné. Il devait montrer au Phénix qu'il était prêt à souffrir pour lui. Deux ou trois flammèches percèrent la toile de sa robe et le marquèrent à la poitrine. Il serra les dents pour ne pas crier et ferma à nouveau les yeux.

Les cristaux charriaient désormais un flot ininterrompu de flammes qui formaient, peu à peu, une colonne de feu dans l'axe de la vasque. Januel plongea les mains à l'intérieur et sut aussitôt que le Phénix appréciait cette marque de confiance. A présent, le phénicier était insensible à la douleur et pouvait commander aux flammèches. Ivres de liberté, certaines s'efforçaient d'échapper à l'attraction de la colonne. En quête d'un matériau qui puisse nourrir leur immense appétit, ces feux follets tentaient maladroitement d'enjamber le couronnement de la coupe. Les phéniciers peu expérimentés prenaient souvent le parti de les sacrifier pour ne prendre aucun risque, mais Januel s'y refusait toujours. "Aucune braise ne mérite de s'éteindre", dit-il en pensée lorsque ses mains cueillirent une à une les flammèches pour les fondre dans la colonne.

Cette dernière n'en finissait plus de grandir et atteignait près de quarante coudées de hauteur. Elle illuminait la terrasse d'une telle lumière que des convives détournaient les yeux, incapables d'en supporter l'éclat. Januel, lui, était émerveillé. La magie des Phénix imprégnait son esprit et, le temps d'un battement de cils, il devint l'une de ces flammèches aspirées dans le tourbillon de la vie.

L'exaltation de la Renaissance ôtait à Januel toute pudeur. Il en oubliait presque que ce Phénix avait contemplé l'aube du M'Onde et forgé la grandeur de la guilde des phéniciers. Il ne voyait plus un Féal mais une vie sur le point de s'accomplir.
Une naissance.

Il posa ses deux pouces à la base du deuxième cercle et leur fit accomplir un demi-cercle jusqu'au sommet. Ce geste circonvenait le corps du Phénix : lorsque les deux pouces se rejoignirent, un frémissement parcourut le colonne de flammes et une explosion de tonnerre ébranla la terrasse.

Un long murmure parcourut l'assemble des convives. La colonne se tordit puis se scinda en longues traînées de feu, qui, petit à petit, esquissèrent la forme d'un Phénix. Januel n'avait pas besoin d'ouvrir les yeux pour contempler la beauté du Féal. Ses ailes apparurent en premier et se déployèrent comme d'immenses voiles enflammées. D'une envergure de près de trente coudées et de couleur d'or, elles illuminèrent la terrasse à tel point que l'on se serait cru en plein jour. Puis vinrent le corps, longiligne et parcouru de flammes rougeâtres, les pattes qui ressemblaient à des fourches embrasées et, enfin, la gueule. Le bec évoquait une Lame de Feu, une épée que nul ne pourrait briser. Les yeux, deux flammes écarlates, brillaient comme des rubis et fixaient le phénicier."

Cœur de Phénix, pp 122-123


Conclusion :

Au final, ce cycle n'est certainement pas le meilleur texte de Mathieu Gaborit. Trop conventionnel peut-être, moins riche mais plus construit, plus posé. Une trilogie qui évite l'écueil d'une fin facile à deviner, car les coups de théâtre viennent régulièrement relancer l'intrigue dans une autre direction, sans cependant réussir à fasciner comme les complots dans lesquels Maspalio peut se retrouver empêtrer. Mais plutôt que de m'abandonner au jeu trop facile et injuste des comparaisons, je préfère conclure en conseillant ce roman à tous les amoureux de la fantasy et des univers imaginaires en général. Les habitués de Mathieu Gaborit ne seront pas surpris et y trouveront leur compte, ainsi que tous ceux qui aime prolonger leurs rêves par la lecture."
 
Thabanne 



 
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