Aux frontières de Sienne
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Also Malaga exultait. La rumeur enflait au fur et à mesure que le cortège défilait sous les fenêtres de la rue principale du bourg de Vadelia. Médusés, les habitants accouraient de toute part pour voir ce prodige qui signait dès à présent le passage de ce bourg dans le giron de Galidea.

Mis à mal par les cahots de son char sur les pavés, l'héritier hoquetait avec des yeux écarquillés

Mais... mais arrêtez !

Contrairement à la cour qui manifestait sa joie, le jeune homme se tassait sur son trône en maudissant le destin qui le menait ainsi chez son voisin.

Oh non, pitié... non, ânonnait il en distinguant la colère dans les yeux de ses nouveaux sujets.

Le chambellan, lui, réprimait son excitation et s'efforçait de conserver un visage impassible. Par quel miracle l'odeur portait elle aussi loin ? Les sorciers impériaux qui l'accompagnaient affirmaient qu'aucun sortilège ne faussait les règles du jeu. Par le passé, certains avaient voulu influencer la course du vent. Depuis, la présence des sorciers impériaux était nécessaire pour s'assurer que personne, en particulier ceux qui représentaient le duché endeuillé, n'essaye de tricher.
Qu'on avance ! s'écria Also Malaga, une main vissée à la poignée de son char.

Au bout de la rue, les chiens impériaux n'avaient pas hésité et, sous l'oeil consterné des habitants de Vaméa, tiraient sur leur laisse pour avancer...

Mêlé à ses pairs, Lozio voyait peu à peu la distance s'amenuiser entre le cortège et le ruisseau de Soé. Après avoir laissé le château derrière lui, il était parvenu à rejoindre le catafalque en forçant l'allure au mépris des paysans qui juraient dans son sillage.

L'audace qui brûlait son coeur l'empêchait d'intervenir dans la discussion qui opposait les sorciers de Galidea. Les plus jeunes ricanaient ostensiblement et saluaient les habitants. Les plus anciens, eux, songeaient déjà aux lendemains et aux conflits qu'une telle journée allait engendrer. Pour autant, même s'il était encore trop tôt pour juger de l'avenir, tous s'accordaient sur le rôle majeur que tiendrait bientôt leur duché sur l'échiquier de l'empire de Sienne. Lozio, lui, s'en fichait. Son souffle s'accordait désormais à chaque colline franchie, à chaque pont martelé par le sabot des chevaux, à chaque masure que le cortège en fête laissait derrière lui.

Lorsque le soleil mordit l'horizon, les frontières du duché de Galidea avaient doublé. Harassés, les chiens de la meute s'abreuvaient à un ruisseau et manifestaient les premiers signes de lassitude. Le chambellan impérial jugea que la route accomplie suffisait amplement et qu'on risquait, en poursuivant au delà des collines qui s'étendaient derrière ce joli ruisseau, de provoquer une situation délicate. Il fit mander son échevin afin de rédiger, en quelques lignes, une missive à l'intention de l'empereur puis une autre destinée à l'armée impériale. Cette dernière exigeait qu'une troupe s'installe dans le duché de Galidea afin de prévenir la colère de ses voisins. Il ne fallait surtout pas que cette journée singulière fournisse aux ducs une quelconque raison de remettre en cause la loi des Morts et du même coup l'autorité suprême de l'empereur.

Après avoir renvoyé l'échevin, il écarta le rang des courtisans pour se porter à hauteur de l'héritier. Recroquevillé sur lui-même, le pauvre garçon ne ressemblait plus à rien. Son teint avait viré au vert marécageux et ses yeux n'exprimaient plus qu'une immense détresse. Un chambellan impérial ne pouvait souffrir la moindre faiblesse mais à la vue de cet adolescent à l'agonie, Also Malaga éprouva une certaine pitié. Peut être était-ce cette excellente journée qui altérait son cynisme... Toujours est il qu'il se pencha sur le duc et d'une voix sévère lui intima de se relever.

Allez, fit il en ajustant la veste trempée de sueur qui collait au corps du jeune homme. Soyez digne de ce présent que la nature vous a accordé. Le corps de votre père a pourri de la plus belle manière... Excellent, mon garçon, excellent !

Le duc fondit en larmes. Also Malaga poussa un soupir, glissa la canne à sa ceinture et se détourna pour rejoindre la meute et féliciter les maîtres chiens.

 
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La Gazette du satyre Alraune

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