Aux frontières de Sienne
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Aux frontières de Sienne
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Sous l'ombre majestueuse du château de Galidea, le chambellan impérial donna le signal du départ. Une foule compacte et bigarrée s'ébranla dans un silence religieux lorsque la canne au pommeau d'argent frappa par deux fois le front du défunt. A juger l'état de décomposition du cadavre, les frontières du duché ne risquaient guère d'être modifiées. Un soleil au zénith avait pourtant auguré du meilleur mais les vents secs qui soufflaient d'ordinaire à cette époque de l'année tardaient à se lever.

Il plissa les lèvres, passablement énervé. Si l'odeur ne portait pas assez loin, la journée menaçait d'être particulièrement fastidieuse. Son regard glissa au delà de la foule, vers la meute des chiens impériaux. Des bêtes noires et puissantes, éduquées depuis leur naissance à traquer l'odeur de la charogne, à la reconnaître entre toutes afin que, d'un bout à l'autre de l'empire de Sienne, le chambellan puisse rendre la loi des Morts.

Il pivota légèrement la tête de manière à apercevoir l'héritier du défunt, un garçon grassouillet aux yeux mornes qui semblait incapable de mesurer l'importance de la cérémonie. A la suite d'un accident de chasse, son père avait perdu ses attributs virils et malgré le dévouement de ses sorciers, il avait dû se résoudre à vivre sans. Diminué, il s'était évertué jusqu'à la fin à protéger et à choyer cet unique enfant que les cuisiniers connaissaient bien mieux que les maîtres d'armes.
Retenus au bras d'un serviteur par des chaînettes en argent, des Zéphirs ailés de la taille d'une main gonflaient leurs joues de glace pour souffler sur l'héritier une brise revigorante. Malgré cette précaution élémentaire, le teint cireux de l'héritier s'était accentué au cours de la cérémonie. Incapable de prononcer un discours, il s'était renfoncé dans son trône et ne bougeait que pour vomir une bile brûlante au dessus de l'accoudoir.

Peu à peu, la foule s'éloignait du catafalque dressé sur le pont-levis du château pour suivre la meute contrôlée à grand peine par les maîtres chiens de l'empereur. Les bêtes aboyaient dans un concert strident, galvanisées par le fumet pestilentiel et invisible qui s'étendait sur les terres de Galidea.

Le chambellan donna l'ordre au capitan qui conduisait le char impérial de traverser la foule pour rejoindre la meute et en profita pour observer le visage des ducs qui patientaient à l'écart. En vertu de la loi des Morts, ils n'étaient pas autorisés à suivre le cortège et devraient attendre, ici, autour des longues tables du banquet donné à l'ombre des chênes qui cernaient le château. La plupart affichait une mine sinistre mais Also Malaga la savait de circonstance et se doutait bien qu'ils fêtaient déjà le silence du vent. Avec de la chance, certains gagneraient quelques lieues de plus avant le crépuscule...

 
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La Gazette du satyre Alraune

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