Aux frontières de Sienne
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Aux frontières de Sienne
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Tandis qu'Also Malaga se réjouissait de briser la morosité de son existence, un jeune sorcier s'ébrouait sur la rive d'un ruisseau qui sinuait entre les collines du duché de Vaméa.

Drapé dans une toge de soie émeraude, il fit quelques pas sur l'herbe mouillée et laissa son regard épouser la crête des collines silhouettée par un soleil rasant. Lozio appréciait le spectacle de la nature au même titre qu'un élixir. Lorsqu'il échappait aux caves que l'on réservait aux sorciers de la cour, son coeur s'ouvrait sous le soleil de Sienne. Lancé au galop sur les sentiers ducaux, il gonflait ses poumons des parfums qui flottaient dans les sous bois et parvenait ainsi à chasser le souvenir étouffant des expériences magiques menées dans le dédale glacé du château.

A dire vrai, les chevauchées de Lozio ne devaient rien au hasard. Aux yeux de ses pairs, elles passaient pour une errance propre à la jeunesse, une fantaisie que l'âge dissiperait comme une mauvaise habitude. Aucun d'entre eux ne soupçonnait son secret, cet amour qui le vouait corps et âme à une ondine vaméenne.

Elle s'appelait Soé et vivait avec les siennes dans l'eau claire déversée par les hautes montagnes du nord. Il l'avait rencontré au détour d'un rocher alors qu'il s'apprêtait à se baigner et depuis ce jour, sans que rien ne puisse valoir leurs nudités mêlées, ils n'avaient cessé de s'aimer.

Cette matinée jouerait un rôle crucial pour les deux amants. La venue du chambellan impérial et l'application de la loi des Morts justifiaient la présence de tous les sorciers à la cour de Galidea. Lozio espérait profiter de cet événement pour rendre possible son mariage avec Soé. Mais pour cela, il fallait qu'elle devienne une Galidéenne...

Lozio sentit soudain la présence de Soé qui posa une main sur son épaule. Il se retourna et contempla, la gorge serrée, sa beauté aux couleurs du ciel, ce corps que l'eau avait façonné pour le rendre plus lisse que le plat d'une lame impériale.

J'ai confiance, fit elle en prenant sa main pour l'attirer contre sa joue.

Et si j'échouais ? rétorqua t il d'une voix sourde.

Elle esquissa un sourire

Je te l'interdis.

Tu me fais confiance mais tu ignores le danger. Si l'on me découvre, je serai arrêté... et exécuté.

Il sentait le courage fuir son âme, chercher une brèche pour y couler à torrent et le faire renoncer. Les yeux de Soé s'étrécirent :

Crois tu encore que nous trouverons la force de vivre ainsi durant des années ? Je refuse de lire l'usure dans ton regard. Dans tes bras, je veux croire à un enfant qui grandira dans ces collines sans craindre la sentence impériale. Et tu te lasseras de traverser ce duché de part en part, de franchir cette frontière qui nous sépare... La Nature m'enchaîne à ce ruisseau vaméen.

Un enfant... murmura t il.

Elle posa son front contre le sien.

Reviens vite, amour. Reviens et fais de moi une Galidéenne.

Il hocha la tête, conscient qu'il était allé bien trop loin pour pouvoir renoncer. Depuis la mort du duc, ils s'étaient pris à espérer une vie meilleure, une vie qu'aucune frontière ducale n'interdirait. Il poussa un long soupir et, le coeur fermé, s'arracha lentement aux bras de l'ondine.

 
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La Gazette du satyre Alraune

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