Projet Lys Noir |
Page 1 sur 2 Voici un début de roman d'heroic fantasy. J'ai hésité à le présenter tant il est maladroit. Le pauvre garçon qui devait devenir le personnage principal manque d'initiative. Un exemple frappant. Lorsque sa mère lui demande de fuir par la cheminée, il ne résiste pas. Voilà une erreur flagrante. Il y en a beaucoup d'autres. Le style est ampoulé, les dialogues sonnent creux. Vous l'aurez compris, je ne l'aime pas. Mais il a une utilité si vous aimez écrire de l'heoric fantasy: lisez-le pour savoir ce qu'il ne faut pas faire. Chapitre 1 Le comte de Castelnaut observait le champ de bataille avec un regard amer. Ses chevaliers faiblissaient inexorablement, acculés sur le bord de la rivière. Il avait chargé par trois fois à la tête de ses hommes et perdu à chaque assaut sa monture. Par trois fois, il avait combattu à pieds, avec sa fidèle masse d'arme avant que ses chevaliers n'interviennent pour lui permettre de rejoindre le camp et y quérir un nouveau cheval. A présent, il attendait de son forgeron qu'il finisse d'arranger sa cuirasse, mise à mal au cours de la dernière charge. Il était épuisé mais il savait que l'honneur commandait un dernier assaut, le seul qui valait pour excuser son échec… Il avait pourtant une profonde expérience de la guerre. Son comté s'agrandissait chaque année et son nom courait sur les toutes les lèvres à la cour impériale. Mais en ce **, sa bonne étoile semblait lui faire défaut. Le vicomte Darenel, cet elfe parvenu qui briguait le comté de Castelnaut, pouvait espérer la victoire. A cette pensée, le comte serra les poings et intima au forgeron de faire plus vite. _ Seigneur, il fait ce qu'il peut, souffla Melquisedec, son conseiller. Le comte lui jeta un regard froid et rétorqua : _ Cela ne suffit pas. Les miens meurent en bas de cette colline ; _ Je sais, seigneur, mais patience... Votre monture est prête. Dans quelques instants, vous vous battrez à leurs côtés. Le comte opina et reporta son attention sur la bataille. On ne distinguait presque rien de la mêlée, excepté les étendards. Il avait confié celui du comté à son cousin, un chevalier dont l'épée lui avait mainte fois rendu service au cours de ses conquêtes. Pour l'heure, l'étendard flottait vaillamment au milieu du champ de bataille. _ Tout n'est pas perdu, marmonna le comte en faisant signe à son palefrenier. Ce dernier s'approcha, une main sur la bride d'un grand cheval à la robe grise peinant sous le poids de son caparaçon. Le comte regrettait de sacrifier celui-ci qu'il destinait à une prairie de son domaine. Asho l'avait si bien servi... Il passa une main affectueuse sur l'encolure du cheval, murmurant des paroles apaisantes à son oreille. Asho était nerveux, cela se sentait. Et le comte, sensible à son inquiétude, prit quelques instants pour le calmer et s'assurer qu'il le servirait jusqu'au bout. _ Pardonne, mon bon ami, conclut-il dans un soupir, sans doute ne verras-tu jamais la nuit tombée. La voix de Melquisedec retentit dans son dos : _ Seigneur, votre armure vous attend, fit-il en écartant le lourd rideau qui masquait l'entrée de la tente. Le comte s'y engouffra, l'étoffe retomba derrière lui avec un bruit mou, le livrant à la pénombre. Une seule torche brûlait, fixée au piquet central de la tente. A la faveur du halo, le comte remarqua immédiatement le corps du forgeron étendu au pied de l'armure, sa gorge fendue d'une oreille à l'autre par un sourire écarlate. Il porta instinctivement la main à sa hanche où pendait sa masse d'arme mais sentit aussitôt un poignard lui piquer le bas du dos. _ Non, seigneur, vous le regretteriez, dit Melquisedec avec un plaisir manifeste. Je sais ce que vous pensez. Vous avez tort... fit-il en se glissant devant le comte et en appuyant férocement la lame de son poignard contre son cou. _ Pourquoi ? articula le comte malgré la pression glacée du poignard. L'elfe t'a acheté, misérable ! Une colère sourde gonflait sa voix et Melquisedec agita négativement la tête. _ Non, seigneur. Voilà un an que j'œuvre à vos côtés en espérant mettre la main sur ce que j'étais venu chercher. Seulement, vous m'avez compliqué la tâche. Dans votre entourage, personne ne savait que vous le possédiez. Vous l'avez caché si bien que je n'ai pas eu le choix. Le comte lorgna le rideau de la tente. Il brûlait d'appeler la garde mais il y avait cette résolution froide et insolente dans le regard du traître. Melquisedec émit un petit rire sardonique. _ N'espérez aucun secours. Ils sont morts. Mes hommes se sont occupés d'eux. Il n'y a plus que vous et moi... _ Que veux-tu ? s'exclama le comte, la voix brisée par le filet de métal qui brûlait sa gorge et commençait à faire perler des petites gouttes de sang le long de son cou. _ Vous le savez très bien. Dite-moi où il se trouve ! _ Jamais ! rétorqua spontanément le comte. _ Imbécile, jura le traître en accentuant cruellement la pression de la lame. Dans moins d'une tierce, je serais dans votre château. On m'ouvrira les portes et le vicomte s'emparera de votre domaine. Je peux encore sauver Castelnaut mais devez parler ! Le comte ferma les yeux. Il savait qu'un jour, il payerait sa vilenie. Il avait gouverné avec noblesse, sans sévérité mais avec justesse. Jusqu'au jour où il avait accepté cette fleur, ce pétale maléfique... _ Je savais que vous ne diriez rien, siffla Melquisedec. Vous connaissez son pouvoir, vous savez qu'il ne doit pas tomber en d'autres mains. Eh bien, cela se passera comme dans vos pires cauchemars. J'ai été trop patient. Je retournerai chaque pierre de votre maudite forteresse avec l'aide du vicomte et je le trouverai. _ Mes gens... Ils ne te laisseront pas entrer. _ Je crains que si. Ils me connaissent, ils ont confiance en moi. Se sachant condamner, le comte tenta brutalement d'écarter la lame mais sa main ne parvint jamais jusqu'à sa gorge. Le poignard la trancha d'un coup sec, libérant un flot vermeil et bouillonnant. Il s'affaissa lentement, les deux mains vissées à la longue cape de soie rouge du félon et mourut à ses pieds. Ce dernier se retourna et siffla deux fois. Aussitôt, plusieurs silhouettes se glissèrent à l'intérieur de la tente et se rassemblèrent autour de lui. Ils étaient dix, vêtus d'un habit de cuir noir, une épée longue pendue à la ceinture et pour la plupart, une dague dans la main poissée de sang. _ Au château, ordonna Melquisedec. Hâtons-nous. *** A la forteresse de Castelnaut, la comtesse se trouvait dans le donjon, penchée à la lucarne aux croisillons de bois. Elle portait une longue robe de laine et un châle noué autour du cou pour se protéger de la brise qui venait avec le crépuscule. Elle attendait son époux, le regard vissé à la lisière du bois où s'enfonçait la route menant an Nord, vers l'armée ennemie. Elle murmurait des prières, les yeux humides, espérant avec toute la force de son âme l'apparition de son mari, blessé peut-être, mais vivant et fier d'avoir emporté une nouvelle victoire. Elle l'aimait, d'un amour exclusif et néanmoins éclairé. Fille d'un baronnet, elle était tombée follement amoureuse de ce colosse à la barbe noire, de cet homme solide et courageux qui savait faire preuve d'une infinie tendresse lorsqu'ils se retrouvaient seuls, dans cette chambre au sommet du donjon. Elle l'aimait pour sa droiture, sa fidélité envers les siens et ceux qui le servaient. Et il ne revenait toujours pas... Le matin-même, on plaisantait encore sur l'ennemi qu'on prétendait affaibli et peu enthousiaste. Elle songea à la fête donnée la veille au soir dans la prairie qui s'étendait à l'Est du château. Une fête heureuse, avec la chevalerie du comté réunie tout entière, pour marquer le départ à la guerre. Elle ne souvenait d'aucun mauvais présage... excepté ce corbeau, entrevu à l'aurore sur l'un des chemins de ronde. Son coeur, soudain, s'emballa. Jaillissant du bois à bride abattue, un groupe de cavaliers ralliait le château. Elle ne voyait encore que des silhouettes mais elle sut que son époux ne figurait pas dans cette troupe. Elle connaissait sa manière de monter à cheval, sa haute stature et sa vieille armure maintes fois reforgée. Que fallait-il en penser ? A présent, elle pouvait distinguer les heaumes de plusieurs chevaliers de la garde personnelle du comte. Un vertige la saisit, elle chancela et prit appui sur le côté de la fenêtre. - Mon dieu, dit-elle dans un souffle, qu'il vive encore, je vous en supplie. La voix d'Anselme, son fils, la surprit alors que la troupe parvenait au pont-levis qui venait de s'abaisser. - Maman, maman, fit-il en venant se coller contre son corps et nouer ses petits bras autour de sa taille. L'enfant lui arrivait à la taille et il gardait son visage enfoui dans les plis rêches de sa robe. - Eh bien, est-ce une attitude pour le fils d'un comte ? gronda-t-elle gentiment. Elle pouvait sentir les mains tremblantes de l'enfant, son petit corps serré contre le sien. Elle lui releva doucement le menton et ébaucha un sourire. - Ton père va bientôt rentrer, pourquoi t'inquiètes-tu ? Par la lucarne restée ouverte, on pouvait entendre le grondement des cavaliers qui s'engouffraient dans la cour de la forteresse. - Le soleil se couche, mère, fit l'enfant en étouffant un sanglot. C'est la nuit, le noir... - Ton père doit sans doute poursuivre les fuyards. Tu as entendu les cavaliers, ils viennent pour nous le dire. - Tu crois ? s'écria-t-il avec ferveur. - Oui répondit-elle en ébouriffant son épaisse chevelure brune. Viens, allons les voir. Elle écarta tendrement les bras de son fils et attrapa sa main. Ils traversèrent la chambre et s'engagèrent dans le couloir menant à l'escalier principal. Ils n'avaient fait que quelques pas lorsque la silhouette de Serbine apparut. La comtesse se figea, la bouche ouverte sur un cri muet. A la faveur de l'éclat rougeoyant des torches, elle distinguait le visage grimaçant de la jeune servante, sa démarche maladroite et son bras rejeté dans le dos comme si elle cherchait à y prendre quelque chose. La comtesse serra instinctivement son fils contre elle et poussa un cri étouffé lorsque la servante s'écroula brusquement en avant. La comtesse vit le manche gris d'un poignard saillant entre ses côtes, au milieu d'un cercle écarlate. - Oh non ! gémit la comtesse en portant la main à sa bouche. Derrière le cadavre de Serbine venait de surgir trois hommes, dont un qu'elle connaissait et dont elle se méfiait depuis longtemps. Encadré par deux de ses sbires usurpant l'armure des gardes du comte, Melquisedec marchait crânement, sa haute silhouette panachée par l'étoffe de sa longue cape rouge. Il sourit en enjambant le corps de la servante et éclata d'un grand rire sonore lorsque la comtesse rebroussa chemin en emportant son fils dans les bras. Elle courut jusqu'à la chambre, claqua la lourde en porte en bronze derrière elle et tira le verrou, les yeux inondés de larme. Puis elle se précipita vers la lucarne pour appeler au secours et à nouveau, s'immobilisa, pétrifiée par le spectacle qui s'offrait à ses yeux. La cour n'était plus qu'un charnier, nourris par le sang des gardes et des serviteurs de Castelnaut. On se battait au-dessus du pont-levis, visiblement pour en commander le mécanisme. Mais déjà, des cavaliers et des hommes en arme sortaient du sous-bois, formes noires et funestes couvées par un soleil agonisant. Cette armée de l'ombre progressait rapidement en direction du château avec des cris sauvages et la comtesse glissa sur le sol, incapable de supporter ce spectacle plus longtemps. - Trahison... trahison, **-t-elle. Elle se retourna et vit son fils, statufié, qui fixait en silence la porte verrouillée. A l'extérieur, dans le couloir, on entendait des voix rauques, des pas précipités et soudain, un coup sourd résonna. Puis un autre, plus précis. Anselme se précipita dans les bras ouverts de sa mère. Elle roulait des yeux affolés, incapable de prendre une décision. - Où est père ? cria le garçon. Tu m'as dis qu'il reviendrait, tu me l'as dit ! Sa voix trahissait un immense désespoir et il se dégagea de ses bras pour courir vers la lucarne. - Non, Anselme, ne regarde pas ! Mais son fils était déjà à la lucarne, hissé sur la pointe des pieds. Il n'avait que sept ans et la scène s'inscrivit dans son esprit en lettres de sang. Il voyait les gardes de Castelnaut submergés, acculés dans les tours. Il voyait les serviteurs achevés cruellement à même le sol. Leurs supplications montaient vers le ciel mais l'ennemi ne les entendait pas. Et les cœurs, un à un, se taisaient tandis que l'armée de ** se répandait dans la forteresse... La porte de bronze faiblissait. Ses gonds gémissaient et menaçaient de se rompre à tout moment. La comtesse se leva, le visage grave. Elle savait maintenant que Castelnaut était perdu, que son époux était mort ou prisonnier. Marquée par l'adversité, rongée par le désespoir, elle trouva néanmoins le courage de rejoindre son fils, d'arracher ses petites mains cramponnées à la lucarne et de s'agenouiller devant lui. Elle le tint par les épaules et retint ses sanglots : - Oh, mon petit... écoute-moi. Tu dois partir, survivre... Je veux que tu vives, que tu portes le nom de ton père. Anselme, regarde-moi ! Tu vas emprunter un passage secret. Il te mènera jusqu'aux douves. Tu ne sais pas nager... mais tu sauras te débrouiller, n'est-ce-pas ? Gonfle bien tes poumons et une fois sur la terre, échappe-toi, cours... sans jamais regarder en arrière. Tu me promets, mon petit... Ne regarde jamais derrière toi et disparais dans la forêt. Anselme déglutit : - Pourquoi tu ne viens pas avec moi ? Elle baissa les yeux, les releva en attendant un coup plus violent que les autres arracher les gonds supérieurs de la porte. - Je ne peux pas... Il faut refermer le passage, tu n'auras pas la force de le faire. Et ton père... Je ne puis lui survivre. C'est au-dessus de mes forces... Elle le serra contre lui, férocement, et lui caressa les cheveux une dernière fois. Puis elle se releva et marcha vers la cheminée, dont elle manipula plusieurs personnages sculptés sur son fronton. Un panneau coulissa avec un bruit sec et révéla le puits sombre qui plongeait vers les fondations du donjon. Elle fit signe à son fils d'approcher et lui montra les vieux barreaux métalliques ancrés dans la pierre. - Descends, mon petit. Allez, descends. Anselme se glissa dans l'étroite ouverture, le coeur battant. Il vit sa mère hésiter et finalement délacer le corsage de sa robe pour extraire un médaillon suspendu à une longue chaîne en argent. - Ne le perds pas, surtout, fit-elle en le nouant au cou de son fils. Anselme hocha la tête et entendit, comme elle, la porte cédée dans un vacarme assourdissant. - Je t'aime, mon petit, murmura sa mère en poussant de toutes ses forces le panneau de pierre. L'obscurité se referma sur Anselme. Il distinguait à peine ses mains et, s'armant de courage, il commença à descendre le long des barreaux rudimentaires, rouillés par le temps. Des toiles d'araignée glissaient sur son visage, des bruits inquiétants montant des profondeurs lui tordaient les entrailles. Il avait peur, horriblement peur, mais il continuait, essayant de ne pas écouter les murmures qui filtraient à travers la pierre. A un moment, il lui sembla entendre un long cri, aigu et déclinant puis le silence l'engloutit et il se concentra sur les barreaux glacés qui le mènerait aux fondations de la tour. Ses bras s'engourdissaient, une humidité étouffante l'empêchait de respirer à son aise. Il redoutait la chute lorsque soudain, ses pieds rencontrèrent la terre ferme. A présent, son regard s'habituait à l'obscurité d'autant qu'une clarté diffuse semblait émaner d'un boyau s'enfonçant devant lui, vers le Nord. Il reprit son souffle, frissonna car la température avait largement baissé et s'avança dans l'étroit passage. Il franchit quelques coudées avant de sentir sous ses pieds une terre molle et boueuse. De l'eau... Il se baissa et comprit que le boyau s'infléchissait au fur et à mesure qu'il se rapprochait des douves. Il marchait et l'eau montait, jusqu'à ses chevilles puis ses genoux, la taille enfin. Une peur irraisonnée montait à l'assaut de son esprit. Comment ferait-il lorsqu'il faudrait s'enfoncer tout entier dans cette eau saumâtre et glacée ? Son corps tremblait, il mourrait d'envie de rebrousser chemin et de se dissimuler au bas du puits en attendant la nuit pour ressortir dans la chambre de ses parents. Mais il continuait, l'eau lui arrivait à la taille et s'éclaircissait, se teintait d'argent : il n'était plus très loin de la sortie. Puis l'eau dépassa ses épaules, il ploya la nuque en arrière pour garder la bouche à la surface. Le moment redouté vint d'un seul coup. Auparavant, il avait avalé une longue bouffée d'air et s'aidant de la paroi, il se mit à progresser sous l'eau le plus vite possible, guettant la fin du boyau. La paniqua afflua, puissante et incontrôlable. Son corps franchit le boyau alors que ses pensées sombraient, dominées par des peurs ancestrales. Par miracle, les battements désordonnés de ses bras le conduirent à la surface qu'il creva rageusement, les poumons compressés par la douleur. Il n'était qu'à trois coudées de la rive et se démena maladroitement pour l'atteindre. S'aidant d'un bouquet de joncs, il parvint à se hisser sur la terre ferme et bascula sur le dos, le souffle court. Autour de lui retentissaient des cris et des cliquetis sonores. Dissimulés par les joncs qui frangeaient la rive, il finit par trouver la force de ramper jusqu'à une trouée pour observer les alentours. Des soldats s'affairaient autour du château dont plusieurs tours brûlaient, vomissant une fumée âcre et tourbillonnante. Des elfes en arme rôdaient en groupes autour du château, portant les morts vers des bûchers édifiés à la hâte. Anselme ne put retenir ses larmes en reconnaissant parfois des visages familiers. Lorom, le cuisinier, qui le laissait parfois entrer dans les grandes cuisines du château, ou bien Fanehelle, l'adorable troubadour qui jouait de la harpe. Elle se débattait faiblement dans les bras de ses bourreaux, le front entaillé et les lèvres tuméfiées. Anselme ferma ses yeux rougis et se recroquevilla pour ne plus voir ni entendre ses horreurs. Il demeura ainsi près d'une tierce, ramassé sur lui-même, grelottant et les mains plaquées sur ses oreilles. Puis, peu à peu, au souvenir de ses parents, l'énergie lui revint, ses pensées s'éclaircirent. Il considéra un long moment l'étrange médaillon pendu à son cou et le porta à ses lèvres. Il implora le bijou en guettant un dernier murmure de sa mère. Mais le médaillon resta silencieux. Alors il se leva, une expression résolue gravée sur son visage d'enfant. Les circonstances forgeaient cruellement son coeur. Pour la première fois, il prenait conscience de son rang, du sang qui coulait dans ses veines même si les enjeux lui échappaient. Il étudia rapidement la situation, jaugeant ses chances de passer inaperçu. La peur ne l'avait pas quitté et, prenant son courage à deux mais, il bondit en avant et se mit à courir droit devant lui, en direction du sous-bois. Dans le tumulte qui régnait autour de la forteresse, personne ne fit attention à lui. Entre chevaux et chariots qui venaient pour charger le butin, l'enfant passa inaperçu et disparut sous le couvert des arbres. *** Passage sur le félon qui enrage, qui se doute, après avoir fouillé la forteresse, que l'enfant portait le médaillon. |