LA NOBLESSE
La noblesse féodale est apparue au cours du 10e siècle, lorsque le
pouvoir carolingien fut incapable de réagir aux différentes menaces
pesant sur son territoire. Comtes et Ducs qui furent auparavant des
hauts fonctionnaires régionaux investis de pouvoirs civils et
militaires par l’Empereur d’Occident et qui changeaient d’affectation
en fonction des besoins de l’empire. Mais la paralysie latente du
pouvoir central fit que ces postes furent bientôt viagers puis
héréditaires. Au cours du 11e siècle, ce pouvoir local s’émietta encore
par l’apparition des petits potentats locaux qui prirent le contrôle de
certaines zone appartenant à des comtes ou des ducs. C’est au cours du
12e siècle que fut codifiée le principe pyramidal de la noblesse
féodale par le biais de la vassalité, si cela restera en grande partie
théorique car un seigneur pouvait prêter allégeance à plusieurs nobles
d’un statut supérieur à lui, cette stratification permit cependant de
clarifier la préséance et le niveau d’autorité à laquelle chacun
pouvait prétendre.
I La hiérarchie féodale :
Au départ, était noble toute personne issue d’une famille possédant une seigneurie. Par ordre croissant, on distingue :
Noblesse Mineure :
- Le Vavasseur (= Arrière Vassal) : c’est un seigneur qui n’a lui
même aucun vassal. Il ne possède qu’un petit domaine, la plupart du
temps un seul village et les terres environnantes. Il ne possède que le
droit de Basse Justice et ses revenus ne lui permettent d’entretenir
qu’un château à motte ou une maison forte. De même, il doit se
contenter comme force militaire que d’une seule Lance et quelques
archers. Cet échelon est le plus bas de la noblesse du Moyen Age, il
s’agit le plus souvent d’un fief donné en Apanage à un cadet, d’un
cadeau pour un chevalier méritant ou de la reconnaissance d’un fait
accompli. Le Vavasseur n’est pas totalement maître sur ses propres
terres et dépend toujours d’un suzerain.
Petite Noblesse :
- Le Seigneur Châtelain (ou Seigneur ou Sire) : c’est l’image
traditionnel, le seigneur qui vit dans son château. Initialement, le
fief d’un seigneur châtelain est assez réduit, de l’ordre d’une dizaine
de village, tous situés à moins d’une journée de cheval du château. Il
possède le droit Moyenne Justice sur son domaine et parfois même de
Haute Justice, dans ce dernier cas il est donc indépendant de fait si
ce n’est de droit. Il a le droit de posséder un château fort en pierre.
Vassal d’un Comte, d’un Marquis ou d’un Duc, son domaine se situe
généralement en périphérie du duché ou du comté, c’est à dire qu’il
sert de rempart pour son suzerain. Un seigneur châtelain doit
entretenir au minimum une Lance voire plusieurs si ses moyens le lui
permettent.
- Baron (du vieux francique Baro = Homme Libre) : ce titre ne se
rencontre au Moyen Age que sur les « Terres d’Empire » (Allemagne,
Bénélux, Autriche, Suisse, Lorraine, Franche Comté, Lyonnais, Dauphiné,
Savoie, Provence) mais aussi en Angleterre. C’est un Seigneur Châtelain
puissant qui n’est plus vassal d’un Comte ou d’un Marquis, mais d’un
Duc voire directement du souverain. Il possède le Droit de Haute
Justice, il est en droit de posséder plusieurs places fortes sur son
Domaine. En règle général, ils font partie de la frange la plus
turbulente de la noblesse et entretiennent une force armée assez
puissante pour l’époque (300 à 1500 hommes). En France, les Sires de
Coucy dont la puissance menacèrent à une époque Saint Louis peuvent
être classé comme barons.
- Vicomte (du latin Vice Comes : Comte Adjoint et/ou Vicus Comes :
Comte d’une agglomération) : simple administrateur sous les
carolingiens, ils devinrent des seigneurs héréditaire à la fin du 10e
siècle. Originellement chargé d’administrer une partie d’un comté, le
plus souvent le territoire d’une ville, ils ont Droit de Haute Justice.
Ils possèdent une maison forte dans la ville mais aussi un château ou
un manoir en dehors de la ville. Ils sont toujours vassal d’un Comte,
d’un Marquis ou d’un Duc.
Haute Noblesse :
-
Comte (du latin Comes : Compagnon) : du 4e au 9e siècle, les comtes
étaient des amis du souverain qui était désigné pour administrer une
région ou pour diriger une armée, ils étaient nommés par le souverain
et pouvait être remplacé par un autre selon le bon vouloir du
souverain. L’affaiblissement du pouvoir central à la fin du 9e et au
cours du 10e firent que les comtes obtinrent que les fiefs soit tout
d’abord viager puis héréditaires. Sous les carolingiens, les comtes
administraient un district (pagus en latin) plus ou moins vaste en
fonction des menaces pesant sur lui. Il est Haut Justicier, possèdent
plusieurs place forte et généralement une maison forte ou un château à
l’intérieur de la ville capitale du comté. Ils peuvent entretenir une
armée importante (parfois 3 ou 4000 hommes).
- Marquis (du francique Marchi : Frontalier) : les Comtes chargés
d’administrer les domaines les plus menacés sur les frontières prirent
le nom de Comte de la Marche au 9e siècle puis celui de Marquis au
11e-12e siècle (Roland était Comte de la Marche de Bretagne). En
principe, un Marquis ne dépend jamais d’un Duc, mais toujours
directement du souverain, car sa fonction est principalement militaire.
Haut Justicier, il est souvent également représentant du Roi dans son
Domaine. Il se doit d'entretenir de nombreuses place forte sur les
accès frontaliers et une armée importante (un millier d’homme au
moins).
- Duc (du latin Dux : Général) : Dans le Bas Empire, le Duc était
le commandant en chef d’un secteur militaire frontalier ou côtier. Sous
les carolingien, le Duc fut le commandant militaire d’une région
composées de nombreux pagus administré par des Comtes. Au cours des 9e
et 10e siècle le Duc prit de l’importance, devenant pratiquement un
prince souverain indépendant du pouvoir central. Dans le principe le
Duc est un seigneur possédant de nombreuse terres (au moins
l’équivalent d’un comté) mais aussi une autorité féodale sur de
nombreux Comtes, Barons et Seigneurs. Vers l’An Mil, le royaume de
France était divisé –en simplifiant- en 7 duchés (France, Normandie,
Bretagne, Aquitaine, Bourgogne, Gascogne, Septimanie). Dans certaines
région, en Aquitaine principalement, le titre de Duc n’est pas
héréditaire au départ mais électif, le nouveau duc est élu à la mort du
précédent par les Comtes…le titre de Duc d’Aquitaine fut porté par les
Comtes de Poitiers, les Comte d’Auvergne mais aussi par des Comtes de
Toulouse et des Ducs de Gascogne. En somme, le duché d’Aquitaine
fonctionnait pratiquement comme un royaume autonome au cours des 11e et
12e siècles.
- Prince (du latin princeps : le premier) : ce titre est tout
d’abord un titre honorifique, quand on s’adresse à un Duc en l’appelant
« Prince » cela marque une forme de respect de la puissance de
celui-ci. Les vikings suédois établi en Russie n’appelèrent pas leurs
états royaumes mais principautés, dans le sens latin de prince =
premier parmi les égaux. Le titre de prince désigne également
l’héritier du trône dans le cas d’une succession héréditaire.
- Roi : ce titre désigne le souverain d’un ensemble géographique
comportant de nombreux duchés et comtés. Il peut être élu parmi les
ducs ou être le fils du précédent roi. En France, l’élection du roi
était de tradition jusqu’au 11e siècle, même si l’assemblée des ducs et
comtes ne contestait pas le choix du monarque défunt. Les rois élus en
dehors du principe héréditaire furent Eudes, comte de Paris (888-898)
puis Robert I, duc de France (922-923) et Raoul I, duc de Bourgogne
(923-936) alors qu’un roi carolingien était en vie (Charles III le
Simple 893-929). En 987, les nobles préférèrent Hughes Capet, Duc de
France plutôt que le carolingien Charles duc de Lorraine. Plus tard,
les grands du royaume choisirent Philippe de Valois, le cousin de
Charles IV le Bel plutôt que de désigner une femme comme souverain ou
de faire appel à un fils d’une « Fille de France ». Le Roi a autorité
judiciaire sur tout le royaume mais seulement en Appel en dehors du
domaine royal. Il est également habilité à lever des impôts et taxes
sur l’ensemble des terres du royaume en plus des impôts et redevances
perçues sur le domaine royal. Il est le suzerain de l’ensemble des
seigneurs du pays et ce n’est pas une Félonie pour un seigneur que de
refuser d’accompagner son suzerain direct dans une guerre contre le
Roi.
- Empereur : en Europe occidentale, le terme d’empereur désigne un
souverain qui cumule plusieurs royaumes. L’Empereur d’Occident désigne
le souverain qui était à la fois Roi de Germanie (Allemagne, les 2
Lorraines, Autriche), Roi d’Italie (Tiers Nord de l’Italie) et Roi de
Bourgogne (Suisse, France Comté, Lyonnais, Provence, Savoie) et qui
obtenait la couronne lors d’un sacre à Rome. Il y eu même un empereur
des Espagnes de 1029 à 1035 : Sancho Garcès El Mayor (Roi de Navarre,
d’Aragon et de Castille).
En simplifiant, pour donner une idée de la taille d’une seigneurie féodale en fonction du titre on peut dire que :
- Le vavasseur possède une commune
- Le seigneur possède plusieurs communes
- Le baron possède un canton
- Le vicomte possède un canton incluant une préfecture
- Le comte possède un département
- Le marquis possède un département frontalier (il est aussi gouverneur militaire)
- Le duc possède une région
- Le roi possède un pays
- L’empereur un groupe de pays
II Evolution et Progression dans la hiérarchie féodale :
Evolution de la noblesse :
La Noblesse Mineure : l’évolution de l’armement, le coût des
rançons et l’inflation monétaire appauvrissent cette classe au point
qu’à la fin du Moyen Age elle a pratiquement disparu, car faute de
pouvoir assurer le service d’host auprès de son suzerain, elle perd son
statut de noble pour redevenir roturier.
A partir du 16e siècle, la noblesse mineure réapparaîtra par le biais
des Offices (noblesse dite « de cloche » ou « de robe ») et des
Gentilshommes de Cours, ceux-ci étant le plus souvent des cadets de
famille sans terre mais pensionnés par le roi ou les princes.
La Petite Noblesse : menacée très tôt par les mêmes difficultés que
les nobles mineurs, ses membres trouveront refuge très rapidement au
sein de l’armée royale lorsque celle-ci s’organisera au cours du 15e
siècle et occuperont pour longtemps tous les grades d’officiers. Au
cours des 17e-18e, ils craindront la paix plus que la guerre, car
obligés de vivre chichement dans leurs château de lointaine province
faute de pouvoir maintenir un train de vie suffisant à la cours royale.
La Haute Noblesse : la puissance des grands féodaux s’affaiblit
également au cours du Moyen Age et à la Renaissance : décimés par la
Guerre de Cent Ans, les Guerres d’Italie puis les Guerres de Religion,
affaibli par l’érosion monétaire, la Haute Noblesse finit par être «
mise au pas » par Richelieu et Mazarin au point de devenir pratiquement
une pure noblesse de Cours au 17e. Au 18e, ne pas être à la Cours en
temps de pais pour un Duc ou un Comte c’était être disgrâce ou paraître
suspect de comploter contre le souverain.
Elévation dans la hiérachie :
Il y a 5 possibilités pour un noble de progresser au sein de la noblesse :
- La guerre : la conquête d’un domaine d’un autre noble et la
ratification de celle-ci par le souverain. La guerre lié à l’hérésie
cathare a permis à de nombreux seigneurs et barons du nord de la France
de s’emparer des terres et domaines des seigneurs occitans soutenant
l’hérésie ou étant hérétiques (Toulouse, Foix, Narbonne…). Cela est
d’autant plus facile que le seigneur vaincu était hostile au roi ou
adversaire de l’Eglise
- Le mariage : lorsqu’un seigneur mariait une de ses filles, il
devait verser à l’époux une dot, soit en argent soit en fief, c’est à
dire qu’il abandonnait ses droits sur une partie de son propre fief
pour les remettre à son gendre. Cependant, si l’épouse était répudiée,
le fief revenait à cette dernière. Le cas le plus célèbre fut Aliénor
d’Aquitaine, qui répudiée par le Roi de France épousa en seconde noce
le Roi d’Angleterre donnant à celui-ci une dot représentant le quart de
la France actuelle
- L’héritage : un noble sans héritier direct peut désigner un autre
noble pour lui succéder à la tête de son fief, cela se faisait souvent
par le biais d’un petit fils issu d’une fille de ce noble ou par le
biais d’une branche cadette… au milieu 15e siècle, le comte d’Anjou
était à la fois Comte d’Anjou, Comte de Provence, Roi de Naples et Duc
de Lorraine…
- « Les Bons et Loyaux Services » : le roi, haut suzerain, pouvait
en récompense de services rendus donner une promotion à seigneur en
élevant son statut : faire un Baron d’un Seigneur ou d’un Vicomte un
Comte. Cela n’est pas courant car cela impliquait pour le roi de donner
des terres venant du domaine royal (et donc de perdre des rentrées
d’argent).
- L’achat : moyennant finance, le roi pouvait faire enregistrer de
nouveaux titres de noblesse. Cela coûtait cher, très cher et ne
rapportait que du prestige. Cette politique débuta timidement au cours
du 15e pour devenir courante au 17e-18e siècle, elle permettait au roi
de « boucler ses fins de mois ».
III La seigneurie :
La seigneurie, quelle soit sa taille ou son appellation, est le
territoire soumis à l’autorité du seigneur. Elle recouvre 2
acceptations différentes : la seigneurie foncière et la seigneurie
banale.
La seigneurie foncière peut être vendue, même à un roturier, mais
la seigneurie banale est inaliénable et incessible. Seul un manquement
grave aux obligations féodales (félonie, refus du service d’host)
pouvait entraîner la déchéance du fief et par conséquent la perte du
statut de noblesse. De fait de nombreux seigneur de petite noblesse
perdirent leur statut de noble sans pour autant perdre leurs terres à
la fin du Moyen Age, à l’inverse au 17e et 18e de nombreux nobles
vendirent leurs terres pour maintenir leur rang à la cour et conserver
leur statuts et privilèges.
La seigneurie foncière (le domaine) :
Il s’agit des terres qui sont la propriété du seigneur. Elles ne
recouvrent pas, sauf en de rares exemples, la totalité du territoire de
la seigneurie, car certaines parcelles peuvent appartenir à des paysans
propriétaires, à des bourgeois, à d’autres nobles ou à l’église. Les
plus petites seigneuries de vavasseurs n’étaient jamais inférieure à
une quinzaine d’hectares, taille minimale pour assurer au seigneur de
quoi vivre, renouveler annuellement son équipement militaire,
entretenir son château, sa troupe et l’administration de sa seigneurie.
Ce domaine est divisées en Tenures, qui étaient de lopins de terres
cultivables d’environ 0,5 hectare, concédées de manière viagère à des
paysans libres ou non libres. Légalement, le seigneur ne pouvait pas
reprendre ces terres une fois accordées, tant que le paysan était
vivant ou si ce dernier refusait de la rendre. Plusieurs tenures
pouvaient être accordées à la même personne. La tenures implique le
paiement par le paysan d’un certain nombre de redevances.
Le seigneur conservait une partie des tenures de son domaine dans le
but d’assurer sa subsistance et celle des habitants de son château,
c’est la Réserve. Cette réserve représente entre 10 et 50% des terres
du domaine, en règle générale, plus la taille du domaine est
importante, plus la part de la réserve est faible. La plupart des
seigneurs et des barons conservaient un tiers de leur domaine en
réserve. La réserve pouvaient être cultivée soit par des paysans de
statut servile vivant dans les dépendances du château (les
ancillaires), soit par des métayers (libre ou servile), soit par des
fermiers (libres) soit encore par les paysans tenanciers (libre et
servile) du domaine pendant les jours de corvées.
La seigneurie banale (le fief) :
Il s’agit de l’autorité administrative, judiciaire et militaire
qu’exerce sur le seigneur sur tous les habitants, y compris les
religieux, les nobles de rang inférieur, les bourgeois et les paysans
propriétaires. Cette autorité dépasse donc les limites du domaine
foncier qui lui ne recouvre que les terres - cultivables ou non –
appartenant en propre au seigneur. Le terme francique de « ban »
signifie à la fois punir, ordonner et contraindre. Cette autorité
octroi un grands nombre de droits au seigneur mais implique également
des devoirs qui, s’ils ne sont pas observé, peuvent entraîner la
déchéance du seigneur par son suzerain.
a) La Justice :
Le premier devoir est celui de justice : le seigneur doit faire
respecter les lois, maintenir l’ordre et rendre la justice dans son
fief, dans la mesure de son Droit de Justice. Celui-ci se divise en 3
niveaux : Basse, Moyenne et Haute Justice, bien que l’échelon de
Moyenne Justice soit fréquemment ignoré, du fait même que rares furent
les seigneurs disposant seulement de la Moyenne et Basse Justice. Par
principe, on désigne un seigneur par son plus haut rang de justice,
ainsi un seigneur Haut Justicier possède également le droit de Basse et
Moyenne Justice. Il doit également entretenir une administration
judiciaire sur son fief dont la taille dépend de son niveau de justice.
Cependant, les personnes qu’il nomme aux postes de juge,
lieutenant-juge, procureur, maire, greffier ou sergent ne peuvent en
aucun cas être alleutier ou tenancier sur la seigneurie.
Basse Justice : également appelée justice foncière car elle a surtout
pour mission de s’occuper des problèmes liés aux paiements des
redevances, taxes et litiges d’héritages pour lesquels l’amende
maximale ne dépasse pas 60 sols. Elle s’occupe également des délits
mineurs, injures, vagabondage humain ou animaliers pour lesquels
l’amende ne dépasse 10 sols. Le juge gère également le censier
(équivalent du cadastre) et les litiges de bornages de parcelles
fréquent. Elle a cependant toute latitude pour faire arrêter un
délinquant relevant d’une juridiction supérieure et le remettre à
celle-ci, et reçoit en compensation 6 sols + les frais de capture sur
l’amende qui sera infligée à ce délinquant. Un seigneur Bas Justicier
doit entretenir un maire (officier administratif et judiciaire) et au
moins un sergent (« officier de police ») sachant lire et écrire ainsi
qu’une cellule fermant à clef.
Moyenne Justice : elle a pour mission de juger en première instance
toutes les actions civiles entre personnes (litiges commerciaux,
insultes…) n’encourant pas une peine d’amende supérieure à 75 sols ,
ainsi que les délits mineurs (menu larcins…) n’encourant pas une peine
supérieure à une amende de 60 sols. Un seigneur Moyen Justicier peut
faire arrêter et détenir un criminel ou une personne suspectée de crime
pendant une période de 24h avant de commencer l’instruction du procès
et le faire déférer à la Haute Justice si celui-ci risque une amende
supérieure à 60 sols. Le Moyen Justicier reçoit en compensation 60 sols
+ les frais de capture et de détention sur l’amende infligée à ce
délinquant. Un seigneur Moyen Justicier doit entretenir un juge, un
procureur, un greffier et au moins quatre sergents ainsi qu’un bâtiment
comportant une salle d’audience et une salle de police fermée et sûre.
Haute Justice : elle a pour mission de juger les délits les plus
important ainsi que les crimes à l’exception des cas suivants relevant
de la Justice Royale : vols et assassinats sur les Grands Chemins,
crime de lèse majesté, fausse monnaie, assemblées illicites, litiges
entre nobles. Il est cependant du devoir des seigneur Haut Justicier de
s’emparer des délinquants et de les livrer à la Justice Royale. Elle
s’occupe principalement des vols dans les maisons, jardins et champs,
des homicides (y compris le suicide), le recel et les violences
importantes. La Haute Justice est la seule justice seigneuriale a
pouvoir infliger une peine afflictive (châtiment corporel, marquage au
fer rouge, peine de mort), infamante (carcan, amende honorable). Elle
peut également prononcer une peine de bannissement assortie d’une peine
afflictive en cas non respect de ce bannissement.En matière de droit civil, le Haut Justicier peut faire procéder à
l’inventaire des biens d’un enfant mineur ou d’un adulte incapable et
de leur désigner un tuteur (enfant) ou un curateur (adulte incapable)
mais uniquement dans le cas de roturier. Il peut trancher une cause
opposant un noble à un roturier mais pas entre deux noble, il ne peut
pas arrêter un Officier Royal mais peut instruire contre lui auprès de
la Justice Royale, de même il ne peut trancher un litige d’héritage
noble que si l’intégralité de cet héritage se trouve dans son fief. Il
ne peut trancher sur une affaire d’honneur et de réparation (duel entre
nobles uniquement, dans les autres cas c’est considéré comme un
homicide) mais doit porter l’affaire devant la Justice Royale.
Le seigneur Haut Justicier doit entretenir un lieu de justice disposant
de geôles fermées et sûres et de préférences en sous sol, un juge, un
lieutenant juge (adjoint), un greffier, un procureur, une troupe de
sergents, au moins un geôlier et si il le souhaite, un bourreau
(exécuteur) et un tourmenteur (homme chargé de d’appliquer la Question
aux accusés… ce rôle peut être rempli par le geôlier ou le bourreau).
Cependant, tous les seigneurs n’étaient pas des adeptes de la torture
judiciaire (passage à tabac classique excepté) soit pour des raisons
morales (l’usage de la torture contre un chrétien est condamnée par
l’Eglise depuis le 6e siècle… sorciers et hérétiques ne sont pas
considéré comme chrétien) soit pour des raisons financières et
n’entretenaient pas de tourmenteur. D’autres par économie, donnait ce
poste au bourreau ou au geôlier, d’autre encore utilisait la vieille
coutume germanique de désigner le dernier homme du lieu à s’être marié
pour remplir l’office du bourreau lors d’une exécution (tradition ou
avarice). A partir de 1670, une sentence donnant lieu à une peine
afflictive doit faire l’objet d’un appel auprès d’une Cours Royale.
Les crimes passibles de la peine capitale durant le Moyen Age sont : le
meurtre, le suicide, le viol, récidive de vols (valeur importante),
sorcellerie, hérésie (après décision de la justice ecclésiastique).
Les crimes suivants, passibles de la peine de mort, sont du seul
ressort de la justice royale : lèse majesté, fabrication de fausse
monnaie, banditisme (vol à main armée sur les routes royales).
Il est important de noter que, même au Moyen Age, la plupart des seigneurs répugnent à condamner à mort car :
- il perd de la main d’œuvre et des rentrées d’impôts
- le principe chrétien de pardon au repentant
- la vieille coutume franque du « wergeld », la compensation en
argent donné par l’assassin à la famille de la victime, très vivace au
début de la féodalité.
Les condamnations à la peine capitale sont généralement prononcées pour
éviter les troubles à l’ordre public et apaiser les tensions au sein de
la communauté.
b) Les Banalités :
Le seigneur est le seul autorisé à posséder certains équipements
(moulin, four à pain, pressoir, alambic) que les habitants du fief
doivent utiliser sous peine d’une amende de 60 sols. Cependant, le
seigneur doit les faire construire et entretenir à ses frais, et les
mettre à la disposition des habitants chaque jour. A partir de la
Renaissance, les seigneurs commencèrent à concéder à des artisans le
droit de construire et posséder de telles installation moyennant le
paiement d’un « abonnement » (somme forfaitaire fixée pour une durée
assez longue et payable annuellement).
- Le seigneur a le droit d’entretenir une force armée dont la taille
est fonction de ses revenus, mais il a le devoir de protéger les
habitants du fief contre toutes les menaces.
- Le seigneur dispose également du droit prélever des impôts et des taxes sur la habitants du fief .
- Le seigneur peut infliger « l’amende de coutume » (ou amende à 60
sols) à toute personne qui ne respecterait pas ses décisions concernant
les autorisations et interdictions locales.
IV Droits & Revenus Seigneuriaux :
Impôts et Taxes :
Nom
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Type
|
Contribuables
|
Valeur
(moyenne au 15e)
|
Cens
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domanial
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Tenanciers
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6 deniers par tenure concédée en moyenne (de 2 deniers
pour des terres pauvres, 10 deniers de la terre à blé, 2 sols pour de la
vigne)
|
Champart
|
domanial
|
Tenanciers
|
10% de la récolte, payable en nature ou en argent,
calculé après prélèvement de la Dîme
|
Chevage (Chef-Cens)
|
domanial
|
Serfs
|
2 derniers par serf adulte
|
Corvée
|
domanial
|
Tenanciers
|
journées de travail sur la Réserve, entretien du
château, bois de chauffage pour le château, réparti en part plus ou moins
égale entre tous les tenanciers… de quelques jours à 4 semaines.
|
Formariage
|
domanial
|
Serfs
|
taxe à payer pour épouser une personne d'un autre
domaine (très variable)
|
Mainmorte
|
domanial
|
Serfs
|
taxe sur l'héritage des serfs (entre 20 et 75%)
|
Banalité
|
fief
|
Roturiers
|
taxe en nature pour l'utilisation d'un équipement
collectif (en moyenne 1/20e pour le four, 1/16e pour le moulin, 1/8e pour le
vin)
|
Corvée Seigneuriale
|
fief
|
Roturiers
|
journées de travail : entretien des routes et ponts,
guet, service de milice, entretien des fortifications, au maximum 40 jours
par an
|
Impôt des Terrains
|
fief
|
Alleutiers
|
4 deniers par arpent cultivé, 50 deniers par maison
|
Lods
|
fief
|
Tous
|
taxe sur les ventes de terres agricoles (de 1/6e à
1/12e de la valeur de la terre vendue, payable par le vendeur)
|
Taille
|
fief
|
Roturiers
|
impôt payé par fouage (foyer), initialement le montant
était au bon vouloir du seigneur et à fréquence variable, par la suite, elle
devint annuelle et proportionnelle au revenu (minimum 2 sols). A partir de
1440, cet impôt devint un impôt royal, bien que certains seigneurs
continuèrent à le prélever...une fois pour le roi et une fois pour eux même,
mais cela était un abus de pouvoir.
|
Tonlieu
|
fief
|
Marchands
|
taxe de passage (pont, bacs, portes) variable selon la
marchandise et la quantité. Egalement taxe pour installer un étal sur marché
(entre 2 et 16 sols). La valeur décroît au fur et à mesure des années, car
plus les taxes sont basses, plus il y a de marchands.
|
Note sur l’évolution de la valeur de l’argent par rapport aux redevances :
Le système monétaire en France resta pratiquement inchangé entre le Moyen Age et la Révolution :
1 livre = 1 franc = 20 sols = 240 deniers = 960 liards
la livre n’a pas d’existence matérielle, c’est une pure monnaie de
compte. Le Franc est une pièce d’or d’un valeur d’une livre
initialement frappée pour payer la rançon du roi de France Jean II
capturé par les anglais à la bataille de Poitiers.
Ce qui
changea, c’est le pouvoir d’achat de ce système, l’érosion monétaire
est importante et se voit clairement si l’on compare la valeur d’un écu
d’or entre Saint Louis et La Régence :
1 écu = 3 livre au 13e siècle
1 écu = 1 livre et 2 sols à la fin de la Guerre de Cent Ans
1 écu = 1 livre et 13 sols à la fin du 15e/début du 16e siècle
1 écu = 1 livre et 5 sols pendant le 16e siècle et au début du 17e siècle
Louis XIII démonétisa l’écu d’or qu’il remplaça par le louis d’argent et le louis d’or en 1640
1 louis d’argent = 1 écu = 1 livre (les gens continueront à l’appeler écu)
1 louis d’or = 3 livres
Pour simplifier, en 4 siècles, la valeur de la monnaie à été divisée
par 3. Ce qu’il est important de savoir, c’est que les redevances en
argent (Cens, Chef-Cens, Impôt des Terrains) sont d’une valeur
immuable, c’est à dire que leur montant sera le même au 18e siècle que
celui qui fut perçu initialement au 11e siècle. En gros, le cens moyen
d’un arpent au 16e siècle permettait à peine de quoi payer un passage
chez le barbier. Alors qu’au 11e siècle, vous pouviez louer les
services d’un mercenaire pour 2 jours…
Les Droits Seigneuriaux :
Ils sont liés à au fief et à
l’importance du niveau de justice du seigneur, plus celle-ci est élevé
plus celui a de droits particuliers :
Droit
|
Justice
|
Définition
|
Droit de Carcan
|
Haute
|
seuls les Seigneurs Hauts Justiciers ont
le droit de posséder un carcan, parfois installer au même endroit que le
pilori
|
Droit de Confiscation
|
Haute
|
en cas de condamnation à mort ou de
bannissement, les biens du condamné sont saisis (2/3 pour le seigneur, 1/3
pour la veuve et les enfant), cependant le seigneur confisque également les
dettes.
|
Droit de Deshérence
|
Haute
|
le seigneur hérite de droit des personnes
décédées sans héritier connu ni testament officiel pour les biens situé dans
sa juridiction
|
Droit de Fourches Patibulaires
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Haute
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seuls les Seigneurs Hauts Justiciers ont
le droit de posséder un gibet dont le nombre de pilier reflète leur puissance
et leur rang (seigneur : 2, baron 3, vicomtes 4, comtes, marquis et ducs 6).
Si les piliers tombent en ruine, ils doivent être réparés dans l'année, sinon
il faut une autorisation royale pour les rebâtir. Les gibets sont toujours
construit en dehors des villes, à la croisée de chemins et sur une hauteur
pour être bien visible des voyageurs
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Droit de Pilori
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Haute
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seuls les Seigneurs Hauts Justiciers ont
le droit de posséder un pilori, il peut en faire installer un par
agglomération qu'il contrôle
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Droit d'Eglise
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Haute
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place d'honneur réservée dans l'église,
être le premier à communier, à recevoir le pain béni, l'aspersion d'eau
bénite, être au premier rang dans les processions, avoir la possibilité
d'être enterré dans l'église.
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Droit d'Epave
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Haute
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le seigneur est le propriétaire légitime
de toutes choses abandonnées sur son domaine (épaves au sens propre, animaux
domestiques errant et non marqués…), cependant il devient aussi par défaut le
nourricier des enfants trouvés sur son fief
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Droit de Sang
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Moyenne et Haute
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Amende de 60 sols infligé à ceux qui se
sont battu jusqu'à effusion de sang
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Amendes
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toutes
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le montant des amendes infligées rentre
dans les caisses du seigneur, les juges étant eux mêmes salariés du seigneur
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Autorisation des Danses & Fêtes
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toutes
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le seigneur autorise ou interdit toute
fête non religieuse ainsi que la pratique de la danse sur son fief
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Banvin
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toutes
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le seigneur a le droit de faire vendanger
ses vignes 2 jours avant la date officielle des vendanges fixées par les
prud'hommes du fief. Il peut également faire interdire la vente du vin des
autres exploitants pendant 30 jours, ce qui lui permet d'écouler son stock.
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Droit de Chasse
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toutes
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le seigneur peut autoriser ou interdire la
chasse sur son fief, les chasseurs
éventuellement autorisé doivent être enregistrés et paient un droit de chasse
et doivent porter une bandoulières aux armes du seigneur pour ne pas être
considéré comme braconniers
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Droit de Château
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toutes
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le seigneur seul a le droit de posséder un
château disposant de tours, créneaux, girouettes, douves et ponts-levis. (ce
qui explique que même les château des 16e-17e-18e possèdent des tours et des
créneaux purement décoratifs).
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Droit de Colombier
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toutes
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le seigneur est seul autorisé à posséder
une bâtisse totalement utilisée comme colombier, les roturiers peuvent
posséder un colombier si et seulement si le rez de chaussé sert d'étable ou
de grange
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Droit de Pêche
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toutes
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identique au Droit de Chasse, mais ce
droit peut être affermé à des roturier (c'est à dire le droit exclusif de
pêche à certains endroit en échange d'une somme forfaitaire annuelle)
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Droit de Salut
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toutes
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le seigneur a droit au respect de ses
justiciables qui doivent le saluer et retirer leur chapeau en sa présence.
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Droit de Titre
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toutes
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seuls les seigneurs justiciers peuvent
s'intituler "seigneur" d'un lieu. La propriété d'un domaine
seigneurial ne confère pas le titre de seigneur, seul le droit de justice le
confère.
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Evolution des Droits Seigneuriaux :
Dans la lettre, les droits restèrent inchangées jusqu’à leur
abolition le 4 Août 1789, mais dans la pratique, certains de ces droits
se sont éteints d’eux mêmes, d’autres furent transférés et d’autre
encore abandonnées par la noblesse.
Droits éteints : le chef-cens, formariage et mainmorte disparurent en même temps que le servage aux 14e-15e siècle
Droits transférés : la Taille, qui devint impôt royal en 1440.
Droits abandonnés : les banalités parce qu’il fut dès la
Renaissance plus rentable de concéder à des artisans moyennant un
paiement annuel en numéraire plutôt qu’en nature ; une partie des
Droits liés à la Haute Justice (lieu de châtiments et de procédure
principalement) : l’œuvre centralisatrice et l’abaissement des
prérogative de la noblesse au cours des 17e et 18e siècle fit en sorte
que les individus condamnés par la justice seigneuriale puissent faire
appel à la justice royale. De fait, de nombreux noble laissèrent leurs
gibets tomber en ruine et ne firent rien pour obtenir l’autorisation de
les réparer, transférant de facto la gestion des crimes les plus
important vers la justice royale, se contentant de gérer des affaires
n’encourant de fait que des amendes, parfois fort lucrative.
V Les autres ressources d’un domaine :
Bien que l’exploitation agricole des terres soit la base d’un
domaine, c’est souvent loin d’être la seule source de revenus du
seigneur. Car, outre les parcelles cultivable, il est également
propriétaire de forêt et du sous-sol.
- l’exploitation forestière commence à être très rentable à partir
du 15e siècle, avec le développement du commerce maritime, et à partir
du 17e siècle les besoins en bois de construction navale (chênes en
particulier) firent la fortune de certains propriétaires.
- L’exploitation de sel : que ce soit en bordure de mer ou par des
mines, le sel est un excellent revenu pour un seigneur. Bien que les
mines nécessite plus d’investissement et plus de main d’œuvre, elles
sont également bien plus productive que les salines du littoral, trop
soumises aux aléas des marées et tempêtes. Le sel étant le moyen le
plus fiable de conserver de la viande, il est largement consommé. En
France, il devint dès 1346 un produit dont le roi avait le monopole est
fixait le prix mais aussi la consommation minimale. Le sel rapportait
pratiquement 20% des recettes du royaume
- L’exploitation minière : si le charbon ne commença a devenir
intéressant qu’au cours du 16e siècle, celui du fer fut stratégique dès
l’antiquité : avoir du minerai de fer, c’était avoir la possibilité
d’avoir des armes mais aussi des outils agricoles. Durant tout le moyen
âge, la grande majorité des outils y compris les socs des charrues
étaient en bois, parfois recouvert avec une mince plaque de fer sur
l’extrémité. Des outils en fer permettait à la fois une meilleure
productivité (moins d’efforts) et une meilleure rentabilité (labourer
avec une charrue à soc de fer permet des sillons plus profond, de
vraiment retourner la terre et donc une récolte moins aléatoire).
- L’élevage : lorsque les terres se révèlent pauvres et peu propices
aux productions les plus rentables (blé, vigne), certains nobles
convertirent leurs parcelles en pâturages, afin de gagner de l’argent
grâce à la viande mais surtout du cuir ou de la laine.
VI Estimation de la fortune et des revenus d’une seigneurie :
Cela est très difficile, car même à domaine de surface équivalente
et à titre équivalent, 2 seigneurs n’auront pas les même revenus :
question de sol, de climat, de ressources…
En théorie, les revenus sont au minimum suffisant pour que le
seigneur entretienne son château, sa domesticité, son administration
judiciaire, son service d’host et dégage une marge suffisante pour
racheter pour lui-même et les chevaliers de sa maison un équipement
complet, chevaux compris, tous les ans.
Jusqu’à ce que la centralisation étatique ne finisse par prendre le
pas sur la noblesse féodale (début 16e-début 18e), les seigneurs de
haute noblesse étaient assez puissant et assez riche pour pouvoir lever
des troupes assez nombreuses et relativement bien équipées. Il suffit
de regarder les différentes guerres de religions en Europe au cours du
16e siècle et de la guerre de 30 ans pour le constater. Par exemple, au
début du 17e siècle, le Comte de Jonzac était assez riche pour
entretenir une troupe permanente de 100 cavaliers armés de pistolets et
de pouvoir lever un régiment de 1000 hommes à ses frais (grosso modo
600 mousquets, 400 piques, 50 chevaux et 1 canon) pour le service du
Roi Louis XIII. A la fin du 15e siècle, le Duc de Bourgogne faisait
pratiquement jeu égal en richesse avec le Roi de France et était plus
riche que le Roi d’Angleterre. Au 17e siècle, lever un régiment
d’infanterie coûtait 20.000 £, un régiment de cavalerie légère
(hussards…) 70.000£ et un régiment de cavalerie lourde (dragons,
cuirassiers) 100.000£. On distinguait les régiments dits « royaux »
(levé et entretenu par le roi) et « nobles » (levé par les nobles et
entretenu par le roi en temps de guerre, par le propriétaire en temps
de paix).
En simplifiant largement et une fois toutes les dépenses de
fonctionnement payées, un vavasseur devrait avoir un surplus minimum de
150 £ par an. Un seigneur châtelain au moins le double voire le triple
et un baron dans les 500 £ au minimum et ainsi de suite.
VII Revenus annexes : bénéfices, charges & offices, noblesse de cours & pensions :
En plus des revenus fonciers et régaliens de leur seigneurie, les nobles pouvaient avoir d’autres sources de richesses :
- Les bénéfices : c’est à dire une part des revenus d’un domaine ecclésiastiques
- Les charges : c’est à dire les postes à vocation militaire au service du roi
- Les offices : c’est à dire les postes à vocation administrative,
judiciaire ou législative au service du roi, mais aussi d’autres
fonctions plus o
u moins honorifiques.
a) Les bénéfices ecclésiastiques :
Depuis le 10e siècle et la mise en place de façon permanente et
organisée de la Dîme à transformer les paroisses en sources de profit
non négligeables, paroisses rattachées à des évêchés auxquels elles
reversent une part de leur revenu. Ces évêchés sont d’ailleurs souvent
des seigneurie ecclésiastiques (l’archevêque de Reims et également de
fait comte de la seigneurie de Reims et est vassal direct du Roi de
France, le Comte de Champagne réside à Troyes et est le rival
territorial de l’archevêque). D’autre part, les monastères, couvent et
prieuré sont autant de seigneurie ecclésiastiques possédant parfois
Droit de Haute Justice. Or si les évêques sont toujours nommés par le
Pape avec l’accord du Roi, les titulaires des autres biens
ecclésiastiques sont pour leur part nommés directement par les évêques,
eux-mêmes souvent désignés parmi les cadets des grandes familles dont
on attend un juste retour d’ascenseur. Ainsi, la coutume voulait qu’il
n’était pas nécessaire d’être un religieux pour être bénéficiaire d’un
revenu de l’Eglise. En échange d’un comportement vertueux (en
apparence) et d’un certain nombre de prière quotidienne, un laïc
pouvait être désigné comme curé, abbé ou prieur. Par exemple, Hughes I
portait le surnom de Capet dit-on parce qu’il portait une chape
(chasuble) comme en portaient les abbés car il était bénéficiaire des
revenus de plusieurs abbayes en Ile de France.
En ce qui concerne les paroisses, il convient de distinguer la
différence qu’il existait entre le curé (titulaire du bénéfice de la
paroisse, par forcément un religieux) et le desservant (prêtre
délivrant les saints sacrements, obligatoirement un religieux).
Les revenus de la paroisse sont :
- La dîme : c’est à dire littéralement « le dixième » de la
production, dans les fait c’était légèrement plus complexe : c’était
1/11e pour les céréales, 1/12e pour le chanvre et le lin, 1/20e pour le
vin. A ce prélèvement, chaque chrétien devait verser 1 denier à la
Saint Martin. La répartition de ce revenu se faisait de la façon
suivante : ¼ pour l’évêché, ½ pour le curé, ¼ pour le desservant et les
pauvres. La dîme ne concerne que les productions agricoles, mais y
compris celle de la réserve seigneuriale. Les autres professions ne
versent que le « denier de St Martin ».
- L’oblat : c’est à dire « l’offrande », le produit de la quête
effectuée lors de la messe du dimanche. Entièrement dédié au desservant.
- Le casuel : c’est à dire la rétribution des offices religieux
demandés par les fidèles (fiançailles / mariages : de 5 sols à 12
livres, office funèbre : de 5 deniers à 20 livres, pour la mémoire des
morts : de 2 deniers à 4 livres etc.). Attention, il s’agit là
seulement des offices religieux et non du don des saints sacrements qui
lui est gratuit et obligatoire. Faire payer les saints sacrements est
un crime dit de « Simonie » (de Simon le Magicien qui tenta d’acheter à
Saint Pierre le pouvoir de ramener les morts à la vie), crime
entraînant le bûcher pour le prêtre coupable (précédés de divers petits
sévices peu plaisants). ¾ pour le desservant et ¼ pour l’évêque.
Revenu moyen d’une paroisse : aux 16e-18e siècle, les paroisses les
plus pauvres ont un revenu annuel tournant autour de 500-600 livres
annuelles, le quart le plus riche des paroisse campagnarde tournent
autour de 2000 livres annuelles, quant aux paroisses cathédrales elles
peuvent atteindre les 5000 livres annuelles.
Cependant, il ne faut pas généraliser, les paroisses dont le curé est
un laïc sont relativement rares et concernent surtout la période
moyenâgeuse et tend à se réduire avec le temps pour disparaître
complètement à la fin du 16e siècle avec la Contre Réforme Catholique.
Mais bien des évêques furent également curé de plusieurs paroisses, de
préférence cathédrales. A partir du 16e siècle, les desservant
devinrent de plus en plus souvent curé de leur paroisse, au point que
depuis le 18e siècle curé est devenu synonyme de desservant.
Revenus des abbayes, couvents et prieuré : ce sont des
établissement qui sont également au minimum des seigneuries foncières,
voire parfois des fiefs et perçoivent donc également les revenus
correspondant à ceux évoqués plus haut. Ils perçoivent également la
dîme pour les paroisses rattachées à leur abbayes, sources de conflits
juridique sans fin entre les évêques et les moines, car les abbayes ne
reversent pas le quart de la dîme à l’évêché mais le garde pour leur
abbaye. L’abbé ou prieur garde pour lui le quart des revenus de
l’abbaye toutes origines confondues. A la renaissance, le bénéfice d’un
prieuré (petit établissement religieux) tournait autour des 1500-2000
livres annuelles, ceux des abbayes les plus importantes étaient au bas
mot dix fois plus élevés. Mais, comme pour les paroisses, les abbés
laïcs, largement majoritaires au 10e siècle, tend à se réduire avec le
temps bien qu’au 18e siècle encore, le duc de Vendôme sera abbé laïc de
8 abbayes très riches qui lui rapportaient au total 100.000 livres par
an.
Revenus des évêchés : recevant le quart de la dîme des paroisses
rattachées à son autorité, l’évêché est une puissance financière
importante d’autant qu’elles possèdent en propre de nombreuses terres
venant de legs et dons plus ou moins anciens. Les évêchés sont
généralement occupés par de véritables dynasties familiales indirectes
(l’évêque favorisant un neveu pour lui succéder, voire parfois un fils
mais c’est plus rare), ainsi la famille de Rohan, évêques de Strasbourg
pendant plusieurs siècles. Les revenus d’un évêchés sont en gros au
16e-17e autour de 40 à 80.000 livres annuelles. Revenus qui n’étaient
pas soumis à l’impôt royal, bien que le roi percevait les revenus de
l’évêché tant que celui-ci était vacant. En théorie, entre un huitième
et un quart de ce revenu doit revenir au Pape.
Pour information, il y a une très large différence entre le train
de vie des évêques et celui de l’humble desservant de paroisse souvent
issu de la petite paysannerie. Et même dans les périodes les plus
troublés, la corruption ne fut aussi généralisé que ce que certains
écrits peuvent laisser penser.
b) Charges & Offices :
Les deux termes sont plus ou moins synonymes, dans le sens ou « charge
» désigne le plus souvent la rétribution du poste et « office » le
titre de celui-ci. Il s’agit d’un poste administratif, judiciaire ou
militaire auquel un individu est nommé par le souverain. Les offices
royaux servent à la fois à répondre à des besoins directs (encadrement
des troupes, direction administratif), à récompenser des services
rendus, à se constituer un clientèle de fidèles ou plus simplement à
faire entrer de l’or dans les caisses de l’état. Car presque tous les
offices civils peuvent être obtenus moyennant finances ainsi qu’une
bonne partie des grades militaires (sauf général et amiral).
Les offices civils et judiciaires, en particuliers ceux des
Parlements (Conseillers ou Président) ou de Justice (Juge, Procureur)
sont très recherchés par les bourgeois car ils sont anoblissants sur
une, deux ou trois générations (« noblesse de robe » en référence aux
robes de magistrats), mais également les offices d’échevins, consuls ou
autres dans les cités ( « noblesse de cloches » en rapport avec les
cloches des hôtels de ville). Par exemple, sous Louis XIV, le Parlement
de Paris (la France compte alors 12 Parlements) compte plus de 1000
offices, du simple greffier au Premier Président tous sont vénaux et il
faut débourser 15.000 £ pour acheter une charge de greffier, entre 40
et 80.000 £ pour un office de Conseiller et entre 250 et 400.000 £ pour
un poste de Président. En contre partie, outre certaines exemptions
d’impôts et divers avantages, la charge acquise rapporte au minimum 600
£ par an pour un greffier, 3.000 £ pour un conseiller et 6.000 £ pour
un Président. A défaut d’être forcément compétent, il était néanmoins
nécessaire d’avoir le bagage intellectuel correspondant à l’office : un
parlementaire devait forcément avoir étudier le latin et le droit.
Les offices administratifs ne sont en principe réservé à la
noblesse. Dès le 11e siècle, les souverains ont commencer à nommer des
« officiers du roi » sur leur domaine pour administrer une province
(lieutenant général / haute noblesse uniquement), une région
(bailli/sénéchal/intendant), une forteresse ou un manoir (châtelain),
rendre la justice (prévôt / juge de moyenne et basse justice royale).
Ces offices servirent pratiquement dès le début à caser les cadets de
familles nobles ou les petits seigneurs désargentés tout en s’assurant
de leur fidélité à la couronne. Par la suite, les offices ont
administratifs sont souvent passé de père en fils, ces « officiers »
devenant souvent des seigneurs fonciers (possèdent un Domaine mais pas
de Fief). A partir du 17e siècle, le poste de Lieutenant Général d’une
Province est plus un titre de cours qu’une réelle fonction, bien que
celui-ci continue à percevoir les revenus de sa charge, souvent très
élevée (entre 6 et 10.000 £ annuelles). Les autres offices rapportent
bien moins et obligent généralement leur titulaire a exercer pleinement
son office (500 £ en moyenne pour un prévôt, entre 800 et 2000 £ pour
un bailli/sénéchal) ou que cet office soit impératif (intendant entre 5
et 10.000 £ / châtelain entre 300 et 1000 £).
Les offices militaires sont des postes d’encadrement dans les armées
royales ou à bord des navires royaux. A partir du 15e siècle, la
constitution d’armées nationales permanentes en remplacement des forces
féodales nécessite la présence d’un nombre de plus en plus important
d’officiers disponibles. En échange de leur disponibilité, les
officiers reçoivent un traitement provenant du Trésor Royal, plus ou
moins important en fonction du grade. A la différence des offices
civils ou administratifs, les offices militaires peuvent avoir 3
positions : actif, disponibilité et surnuméraire.
- Actif : l’officier est sensé être présent dans son unité ou avoir
obtenu une permission dont la durée est précisée par un écrit du chef
de corps ou de l’officier général, l’officier touche l’intégralité du
revenu de sa charge.
- Disponibilité : l’officier n’est pas en service actif, mais se
tient prêt à rejoindre une affectation en cas de guerre ou de troubles,
il touche l’intégralité du revenu de sa charge.
- Surnuméraire : l’officier n’est convoqué qu’en cas de guerre pour
encadrer des régiments qui seraient levés pour ce conflit. Il ne reçoit
aucun revenu mais conserve son grade qui est sa propriété personnelle.
C’est le cas de la plupart des officiers subalternes qui ont acheté
leur grade, qui n’ont pas montré de grandes dispositions pour les arts
militaires ni accompli d’actes méritoires et qui ne bénéficie pas d’un
grand soutien à la cours ou dans la hiérarchie militaire.
c) Noblesse de Cours & Pensions :
A partir de la fin du milieu de 16e siècle et la fin de la grande
féodalité lié aux guerres de religions en Europe et du développement de
la centralisation, la noblesse passe de plus en plus de temps à
proximité du souverain devenu réellement le seigneur le plus puissant
de son royaume. Il en vient à utiliser sa richesse pour « donner des
hochets » aux courtisans pour s’assurer de leur fidélité et instaure
une étiquette qui –consciemment ou non- va imposer un train de vie à la
noblesse sans correspondance avec ses moyens financiers propre au point
qu’elle va se ruiner dans des dépenses somptuaires qui l’empêcheront
sinon de comploter mais du moins de fomenter des révoltes armées de
grandes envergures comme elles avait pu le faire au Moyen Age et
jusqu’au début du 17e siècle. Et pour maintenir leur train de vie, les
courtisans doivent pouvoir demander faveurs et subsides au souverain,
et pour approcher le souverain quoi de mieux que d’être officier de la
« Maison du Roi » ?
La Maison du Roi :
Initialement, il s’agit de la domesticité et de la garde personnelle du
souverain, au départ presque tous des roturiers. Mais sous louis XIV,
la cour comptait 1400 « officiers de la maison du Roi » et 450 «
officiers de la maison de la Reine », tous portant soit des titres
d’offices déjà anciens (Echanson du Roi, Premier Majordome, Chambellan,
Grand Veneur…) d’autre plus ridicules (Porteur de l’Arquebuse = celui
qui à la chance de porter et de charger l’arme du souverain lors d’une
chasse ; Porteur du Coton de Sa Majesté = celui qui tient le rouleau de
papier toilette ; Remueuse du Dauphin = celle qui est chargé de bercer
le jeune prince ; Porteur de Chemise : celui qui présente le matin une
chemise propre au souverain quand il s’habille). Tous ces offices
s’achètent, souvent très chers, et sont très prisé par la Haute
Noblesse qui pense –parfois à juste titre mais pas toujours- que la
proximité du roi ou de la reine permet d’obtenir plus facilement des
faveurs. Les revenus de ces offices ne sont pas codifiés mais dépendent
du bon vouloir du souverain lorsqu’il accorde cette charge.
La Maison Militaire du Roi : outre les régiments de professionnels
(suisses, écossais, irlandais, français, allemands…) chaque royaume
disposait d’une « garde noble », composée uniquement de jeunes gens
issus de la noblesse depuis au moins 3 générations et sachant bien se
battre (15e-16e). Par la suite, ces gardes devinrent de moins en moins
une élite militaire qu’une élite sociale : la compagnie des
Mousquetaires Rouges était une élite sous Louis XIII, puis des gardes
du corps sous Louis XIV pour finir par être plus une compagnie de
parade sous Louis XVI (ils n’étaient qu’une trentaine à être présent
auprès du Roi quand les parisiens envahirent les Tuileries en 1792 et
l’Histoire n’a retenu que le sacrifice des Gardes Suisses). Bien que
fonctionnant avec le même système de grade que les autres régiments,
les hommes qui les composaient touchaient une solde sans commune mesure
avec celle de leurs homologues, un simple « mousquetaire rouge » avait
une solde de 360£ par an soit 10 fois la solde annuel d’un simple
troupier et autant qu’un colonel.
Noblesse de Cours :
Après avoir combattu les grands féodaux pendant 5 ou 6 siècles, les
souverains n’avaient aucune envie d’en créer de nouveaux ni de
sacrifier leur autorité sur la moindre parcelle de leur domaine. Aussi
apparu une noblesse dite « de cours » sous la forme du « fief rente »
existant depuis le Moyen Age : c’est à dire le don d’une petite terre
–parfois seulement 1 ou 2 hectares, à peine de quoi installer un
manoir- en domaine simple dont le noble pourra prendre le nom, mais ce
domaine ne pouvant pas assurer au noble les revenus suffisant pour
assumer son rang, ce domaine était accompagné d’une rente en argent
compensant plus ou moins largement l’absence de revenu direct de la
terre. La plupart des nobles « créés » entre le 16e et le 19e siècle le
furent sous cette forme. Libre après au noble d’acheter d’autres
terres, mais il ne pourrait en aucun cas réclamer les droits de fief ni
étendre son droit de domaine au delà des limites fixées par le
souverain. Un fief rente est un revenu très variable, basé sur
l’intérêt que portait le souverain à la personne à laquelle il
l’accordait (la Marquise de Pompadour fut certainement mieux servie
qu’un petit hobereau de province venu mendier de quoi assumer son
rang).
Pension :
Une pension est un revenu accordé par le souverain lui même ou un
prince à une personne noble ou roturière pour une durée et un montant
soumis à son bon vouloir. Une pension royale était accordée sur la «
cassette royale » (l’argent du roi et non celui de l’état, en
principe). Cela peut aller de quelques dizaines de livres par an à
plusieurs milliers. L’obtention d’une pension nécessitait d’avoir accès
au souverain ou de connaître quelqu’un ayant accès à lui et pouvant
soutenir la cause du demandeur. Charge ensuite au « pensionnaire » de
ne pas fâcher son protecteur et d’essayer de lui plaire le plus
possible.
VIII Impôts Royaux :
Il ne s’agit pas d’une liste exhaustive ni parfaite au niveau des
taux, loin s’en faut hélas, car les impôts royaux ont beaucoup évolué
entre le début de la monarchie capétienne et la Révolution Française.
Mais je pense avoir mis les impôts les plus importants. Le Roi peut
également en certaines circonstance lever un impôt sur les revenus de
l’Eglise : la Décime. Avec l’accord du pape et dans le cadre d’une
guerre sainte (croisade, lutte contre l’hérésie) le roi peut lever un
impôt de 10% sur l’ensemble des revenus de l’église (dîmes et revenus
des domaines ecclésiastiques)
Nom
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Type
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Contribuables
|
Valeur
(moyenne au 15e)
|
Aides
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taxe
|
tous
|
taxe dite de "4 denier par livre"sur la
vente des vins et alcools (1350)
|
Capitation
|
impôt
|
sauf clergé
|
entre 1/11e et 1/90e des revenus, les contribuables
payant moins de 40 sous de Taille sont dispensés, à l'inverse les princes de
sang doivent payer 2000 £. Les contribuables sont divisisés en 22 classes
dont le montant de capitation va de 1 à 2000 £. La 22e et dernières classe
qui comprend ouvriers, journaliers et soldats ne paie qu'une livre. (1695)
|
Centième Denier
|
taxe
|
tous
|
taxe de 1% sur les ventes et échanges commerciaux
|
Corvée Royale
|
TIG
|
Communauté
|
jours de travaux sur les routes et ponts royaux
|
Franc Fief
|
taxe
|
roturier
|
droit payé par un non noble propriétaire d'une
seigneurie foncière (environ 10% du revenu des terres)
|
Gabelle
|
taxe
|
tous
|
taxe sur la vente et consommation du sel, dont
l'importance était variable selon les régions, mais le prix final était au
minimum 10 fois plus élevé que le coût d'achat par l'état. (1343)
|
Papier Timbré
|
taxe
|
tous
|
équivalent du timbre fiscal actuel
|
Taille
|
impôt
|
roturier
|
Impôt dont le montant global est fixé par l'état puis
répartit entre les différentes provinces, qui en répartissent la charge entre
tous les contribuables en fonction de l'estimation des richesses.
|
Impôt du Dixième
|
impôt
|
sauf clergé
|
impôt sur le revenu équivalent à 10% des revenus du
contribuable provenant de l'indutrie, du commerce, des professions libérales
et de la propriétés (tenanciers, fermiers et métayers en sont donc
dispensés), établi en 1710.
|
impôt du Vingtième
|
impôt
|
Tous
|
impôt sur le revenu équivalent à 5% des revenus du
contribuable provenant de l'indutrie, du commerce et de la propriétés
(tenanciers, fermiers et métayers en sont donc dispensés), il remplace
l'impôt du dixième en 1749
|
Régale
|
droit
|
Evêché
|
Le Roi perçoit le revenu d'un évêché tant que celui-ci
est vacant.
|
Relief
|
droit
|
Seigneurie
|
L'héritier d'une seigneurie doit remettre au Roi
l'équivalent d'une année de revenu de ladite seigneurie pour faire confirmer
son titre.
|
ANNEXES :
Statuts et appellations des paysans au Moyen Age :
Statut servile :
- Serf : paysan travaillant une ou plusieurs tenures et vivant dans une demeure villageoise
- Ancillaire : paysan travaillant sur la réserve domaniale et vivant
dans les dépendances du château (devient rare après le 11e siècle et
disparaît au cours du 13e siècle)
Statut libre :
- Alleutier : paysan propriétaire d’une parcelle de terre plus ou moins importante parcelle de terre libre)
- Vilain : paysan travaillant une plusieurs tenures et vivant dans une demeure villageoise
- Rustre : paysan travaillant une ou plusieurs tenures et vivant dans une demeure isolée
Appellations :
- Laboureur : paysan assez riche pour posséder une charrue à soc de
fer et des animaux de traits, il s’agit généralement d’un alleutier.
- Fermier : paysan libre ou servile louant pour une période de 2 à 5
ans une partie de la Réserve, en échange d’un loyer fixe payable en
argent et définit lors de l’installation de l’exploitant.
- Métayer : paysan libre ou servile louant pour un bail annuel une
partie de la Réserve en échange d’un loyer payable en nature et
représentant entre 30 et 50% de la récolte.
- Colon : paysan installé sur une tenure initialement non agricole
(forêt, lande, marais) et qui, en échange de son travail de
défrichement et de mise en valeur de la terre, était dispensé d’une
partie des taxes seigneuriales et finissait par être propriétaire d’une
partie des terres défrichées.
La servitude :
Il y a 2 types de servitudes au Moyen Age : la servitude de terre et la servitude de corps.
La servitude de terre
: certaines tenures étaient dites libres et d’autres non-libres. Si un
paysan libre décidait de prendre une tenure non-libre il perdait son
statut d’homme libre tant qu’il exploitait cette tenure et ne pouvait
donc quitter la seigneurie sans l’accord du seigneur. Cependant, il
retrouvait son statut d’homme libre dès qu’il cessait d’exploiter cette
tenure avec l’accord de son seigneur, moyennant le paiement d’une taxe.
De plus, ni ses enfants ni son épouse n’était considéré comme servile,
la servitude ne concernait que le paysan lui-même et n’était pas
transmissible.
La servitude de corps : cette servitude
indique que l’individu n’est pas libre de ses déplacement et de ses
décisions importantes. Cependant il n’est pas non plus la propriété de
son seigneur comme c’était le cas dans l’antiquité et dans la période
du Haut Moyen Age, bien que la condition des serfs ancillaires s’en
rapprochait assez.
Droits et Contraintes du Serf :
Le serf est une personne au sens juridique du terme, il a le droit
d’acheter et de posséder des biens mobiliers et immobiliers, à
l’exclusion de terres ayant appartenues à la noblesse ou au clergé. De
même, il ne peut être condamner à aucune peine ni aucun châtiment sans
avoir été entendu par un juge.
De plus, théologiquement parlant le serf est un être humain à part
entière, l’Eglise interdisant la mise en esclavage d’un chrétien par un
autre chrétien, le seigneur n’a en aucun cas le droit de vie ou de mort
sur ses serfs, ni même le droit de les faire battre ou emprisonner sans
raison valable…en théorie. Il y a eut des cas où des communautés
serviles ont réussi à faire punir leur seigneur en faisant appel à
l’évêque local ou au roi. Certes, il fallait également que ledit évêque
ou roi ait également des raisons personnels de faire punir un noble,
mais les lois et coutumes indiquaient néanmoins qu’un seigneur n’était
que le propriétaire de la force de travail et non de l’individu.
Enfin, le serf n’est en aucun cas astreint à un quelconque service
de milice, n’étant pas un homme libre, les devoirs de défense du
domaine ne lui incombe pas, à la différence des autres paysans qui
peuvent être requis par leur seigneur pour des activité militaire, dans
le cadre des jours de corvées qu’ils lui doivent, cet avantage est
malheureusement compensé par le paiement d’une taxe supplémentaire.
Cependant, il n’a pas le droit de quitter le territoire du domaine
ni de résider en dehors d’un domicile définit par le seigneur. En cas
de violation de ces interdictions, le seigneur est en droit d’user de
tous les moyens pour le ramener sur son domaine, y compris la
coercition, contre ceux qui aurait pu aider le serf fugitif.
De plus, les deux principales contraintes pesant sur le serfs concernent sa famille :
- Formariage : il n’a pas le droit d’épouser une personne libre, ni
une personne (libre ou servile) résidant dans un autre domaine sans
l’autorisation de son seigneur, généralement monnayable.
- Mainmorte : bien qu’ayant le droit d’être propriétaires de biens,
le serf ne pouvait pas les transmettre à sa famille, son seigneur étant
par défaut le seul héritier de ses serfs. Il n’avait pas non plus le
droit de rédiger un testament, et même les donations à l’Eglise ne
pouvaient pas dépasser le dixième de ses biens. La aussi, généralement,
le seigneur autorisait la transmission du patrimoine moyennant le
paiement d’une somme variable (entre le quart et la moitié de la valeur
du patrimoine) par les enfants et conjoint du défunt. Une coutume
voulait que tant qu’une famille servile forme une communauté de biens
et que tant que cette famille vivait sous le même toit, le patrimoine
restait entier (communauté dite « taisible ») et le droit de mainmorte
du seigneur ne pouvait être appliqué car le seigneur gardait la main
d’œuvre nécessaire à la culture de ses tenures.
Transmission de la condition servile :
La condition servile se transmet de façon différente en fonction
des régions, mais le plus souvent c’est par la mère dans le cas des
ancillaires, et par le père dans le cas des serfs. Il existaient de
nombreuses nuances selon les régions : parfois le fils aîné était
considéré comme un homme libre, parfois seul le fils aîné était
considéré comme servile, parfois les premier enfant de chaque sexe etc.
Cependant, à la fin du 12e siècle, le servage commença à reculer,
certaines communautés serviles s’endettèrent sur 2 ou 3 générations
pour acheter à leur liberté à leur seigneur.
La paysannerie au cours du Moyen Age :
Ce qu’il est important de comprendre c’est que contrairement aux
idées reçues, le monde agricole est très mobile au Moyen Age, il n’est
pas rare qu’un paysan libre quitte son village et son domaine d’origine
avec femme et enfant pour aller s’installer dans une autre seigneurie
où les taxes sont moindres et les terres plus riches. A moins qu’il
n’opte pour la solution de devenir un colon afin d’être dispensé d’une
partie des taxes et finir par posséder en alleu une partie des terres
qu’il aura lui même défriché. Même les paysans de conditions serviles
étaient relativement mobiles : il n’existe pas d’état civil, ni de
fichier de police, ni avis de recherche et les rivalités entre
seigneurs sont parfois telles que certains n’hésitent pas à accueillir
à bras ouverts et avec des aides non négligeables les serfs fuyant un
seigneur rival.
Les grades dans les armées 15e - 18e siècle :
Aujourd’hui le terme de grade concerne l’ensemble des échelons de la
hiérarchie militaire sauf deux qui sont des distinctions (Soldat de
1ère Classe et Maréchal de France). Dans l’Ancien Régime, le terme de
grade ne désignait que les échelons inférieurs (Troupe et Bas
Officiers) qui ne reflétait que l’état militaire sans transposition
civile. Les échelons à partir de second lieutenant étaient des charges,
c’est à dire que le titre hiérarchique était concédé à son porteur par
l’autorité royale et que l’individu en était propriétaire jusqu’à sa
mort sauf condamnation pour trahison.
Jusqu’à la Révolution, la vie des soldats était assez rudes, les
permissions étaient de l’ordre de l’exceptionnel, les troupiers
n’avaient théoriquement pas le droit de se marier et jusqu’à la fin du
17e siècle, les casernes n’existaient pas et ils vivaient donc sous la
tente la moitié de l’année et chez l’habitant pendant la mauvaise
saison. La désertion était sévèrement sanctionné (châtiments corporels,
marquage au fer rouge, pendaison ou fusillade) autant pour les
troupiers que pour les bas-officiers.
Les officiers, en particulier au 17e et 18e siècle, bénéficiaient
d’un traitement nettement moins rude : permissions de longue durée (6
mois voire plus), dispense de service (nobles uniquement) et soldes
largement plus substantielles. Certains officiers –y compris des
colonels- n’ont parfois jamais mis les pieds sur un champ de bataille
même au plus fort des guerres de Louis XIV et de Louis XV.
NB : la solde indiquée correspond au revenu annuel pour l’époque Louis XIII et Louis XIV
Armée de Terre :
Troupe : accessibles aux seuls roturiers
- Soldat : le troupier de base (36 £)
- Caporal : il commande une dizaine d’hommes avec lequel il se
trouve en permanence. A partir du 17e siècle on distingue le caporal
(troupes à pieds) et le brigadier (troupes à cheval) (48 £)
- Fourrier (18e) : c’est un caporal / brigadier occupant de tâches
logistiques, il n’est pas nécessaire de savoir et écrire, mais cette
connaissance offre la possibilité de passer sergent major (60 £).
Bas Officiers : accessibles aux seuls roturiers
- Sergent (10e) : au départ un auxiliaire (à pied ou à cheval) d’un
chevalier, portant armure et bouclier. A partir du 15e siècle il
devient celui qui maintient les troupes en ordre serré (« serre gens
»), il porte une hallebarde comme arme distinctive jusqu’à la Guerre
d’Indépendance des USA. Dans les troupes montées, il porte le nom de
maréchal des logis car son rôle initial était de trouver et organiser
le bivouac et le ravitaillement des montures. (72£)
- Sergent Major (17e) : c’est grade dit « de plume » car ce gradé
avait pour mission principale de tenir à jour registres et livres de
comptes de la compagnie, du bataillon, du régiment etc. Il devait donc
savoir lire et écrire et se tenait le plus souvent auprès des « bagages
» ou de l’officier supérieur auquel il servait régulièrement comme
estafette. Porte également le nom de Premier Sergent. C’est un poste
assez prisé car il est moins dangereux et bien mieux payé (96£).
- Adjudant (18e) : c’est le grade le plus élevé des Bas Officiers,
ils ne sont pas affecté dans des compagnies mais au sein des état major
régimentaires ou supérieurs. Ils sont chargés de tâches administratives
et logistiques mais de transmission (estafette et courrier) mais aussi
opérationnelles : car ils peuvent remplacer un officier de compagnie
hors de combat (d’où leur nom, venant de adjoint). Un adjudant a déjà
passé de 5 à 10 ans comme sergent, il doit savoir lire et écrire et
peut espérer après 10 ans de service accéder au grade de second
lieutenant. L’adjudant est le seul bas officier a disposer d’un cheval
dans les troupes à pieds. (108£)
Officiers : en principe réservé à la noblesse, accessibles aux roturiers sous condition
- Second Lieutenant (17e) : grade le plus élevé accessible à un
roturier issu des couches les plus basses. Ce grades est réservé soit
aux jeunes gens qui sortent des collèges militaires (17e et 18e) soit
aux anciens adjudants et sergents majors. Leur rôle consistent à gérer
le détail du service et à organiser l’instruction de la troupe. (120 £)
- Lieutenant (16e) : il est l’officier adjoint de l’officier de
compagnie (capitaine) et le remplace en son absence, son nom venant : «
tenant lieu de ». (160£)
- Capitaine (11e) : au départ ce terme désigne tout chef de troupe,
quelle que soit l’importance de celle-ci. A partir du 15e siècle ce
terme désigne un officier de l’armée royale dirigeant une compagnie
(troupes à pieds), un escadron (troupes montées) ou uen batterie
(artillerie). Le capitaine est poste hautement tactique et la valeur
d’une compagnie dépend grandement de celle de son capitaine. C’est le
rang le plus élevé que peut espérer atteindre un roturier en temps de
paix. (204£)
- Commandant (16e) : c’est le titre que l’on donne à un officier
chef de bataillon ou d’escadrons. Généralement il s’agit du plus ancien
ou du plus expérimenté des capitaine de compagnie de ce bataillon, cela
ne deviendra un rang à part entière sous le Premier Empire. Il supplée
au Lieutenant Colonel si celui est appelé à d’autres tâches. Ce poste
est le plus élevé que peut espérer un roturier après des années de
service et une conduite honorable au combat. (240 £)
- Lieutenant Colonel (17e) : Sous Louis XIV, ce rang désignera
l’officier commandant –en titre sinon en fait – un bataillon ou un
groupes d’escadrons. Il désigne également l’adjoint immédiat d’un
colonel et les officiers d’état major d’un général. Sous le Premier
Empire il portera le nom de Major. (300 £)
- Colonel (16e) : initialement chef d’une colonne, c’est à dire le
groupement de nombreuses compagnies. Le colonel commande un régiment
qui comportent plusieurs bataillons, batteries ou escadrons. Il est
parfois propriétaire de son régiment qui porte alors son nom et qu’il
peut vendre sous réserve de l’accord du Roi. Il porte parfois le titre
de « Mestre de Camp » au lieu de colonel (surtout dans la cavalerie
mais pas uniquement). En temps de paix, les colonels (haute noblesse le
plus souvent) laissent à leur adjoint (petite noblesse) le soin de
s’occuper du fonctionnement du régiment, ne rejoignant leurs troupes
que pour la guerre (et encore) ou pour les revues. Un colonel
propriétaire n’a pas besoin d’être un vieux briscards, certains ducs
furent colonels propriétaires à l’âge de 14 ans… (360£)
- Maréchal de Camp (16e) : il s’agit d’un officier général
commandant une brigade c’est à dire un ensemble de 2 ou 3 régiments.
Fonction purement logistique et administrative au 16e, il commencera à
avoir un rôle tactique au 17e et culminera sous le Premier Empire. (600
£)
- Lieutenant Général (16e) : il s’agit d’un officier général
commandant plusieurs brigades, il deviendra Général de Division en
1793. Dès le départ, le Lieutenant Général est nommé par le Roi et
c’est une charge que l’on ne peut pas acheter. Il est également
l’adjoint du Général dont il commande une partie de l’armée. (1200£)
- Général de l’Armée de… (16e) : c’est un titre plus qu’un rang
hiérarchique, il s’agit d’un officier auquel le roi a confié une armée
destinée à protéger ou conquérir une région (armée du nord, des
Pyrénées, d’Italie…). Il est le stratège et le commandant en chef de
toutes les troupes et services rattachés à cette armée. Le général est
souvent un Maréchal de France.
- Maréchal de France (12e) : il s’agit d’un titre honorifique donné
à un officier général auquel le souverain accorde toute sa confiance
(en terme de noblesse, ils ont rang juste après les princes de sang et
avant les ducs. Le roi appelle un maréchal « mon cousin » quand il
s’adresse à lui). Sous l’ancien régime, il y avait toujours une
douzaine de Maréchaux de France en vie, chacun pouvant se voir confier
le commandement d’une armée. (2400£)
Marine :
Equipage : (roturier uniquement)
- Mousse : garçon entre 12 et 16 ans recrutés avec l’accord de leurs
parents. A partir du 18e, les mousses forme la pépinière des officiers
mariniers. (12£)
- Apprenti ou Novice : jeune marin qui n’a pas été mousse et dont
c’est le premier embarquement sur un navire de guerre. Après 1 an de
service, il devient matelot. (18£)
- Domestiques : personnel non matelot et non combattant chargé de
tâches domestiques (blanchisserie, cuisine, services des officiers), il
perçoit la même solde que l’apprenti, au 18e il s’agit assez souvent de
noirs (esclaves ou d’affranchis) pour les navires basés aux colonies.
(18£)
- Matelot : l’homme de base de l’équipage. (24£)
- Fusilier Marin : matelot plus soldat que marin dont le rôle principal est le combat. (21£)
- Fourrier : matelot chargé de tâches logistiques, doit savoir lire et écrire. (30£)
- Quartier Maître : matelot gradé qui dirige une dizaine de ses camarades. (30£)
Officiers Mariniers : (roturiers uniquement)
On distingue les « Officiers de Manœuvres » et les « Officiers de
Métier », en principe tous doivent savoir lire, en pratique peu de
capitaines hésitaient à donner de l’avancement à marin très expérimenté
dans un domaine mais illettré.
- Officier de Manœuvre : il a été matelot pendant au moins 5 ans et il possède obligatoirement une spécialité :
- Maître canonnier : il dirige le pointage d’un groupe de canons et est l’adjoint de l’officier de pont.
- Maître de Manœuvre ou Bosco : il dirige les manœuvres des voiles et des ancres.
- Maître de Timonerie : il dirige les matelots chargés de la
manœuvre de la barre et de son entretien. Il est également le pilote du
navire.
- Maître d’Equipage : il encadre les différents Quartiers Maître, il
est le responsable de la discipline et de l’emploi du temps à bord.
- Patron : il est le responsable de la chaloupe et des canots du navire et des équipages de ceux-ci.
- Capitaine (ou Maître) d’Armes : il dirige l’entraînement au combat
des matelots, il sélectionne et commande le groupe d’abordage et assure
la surveillance et la sécurité de l’armurerie du navire.
- Officier de Métier : ce sont des officiers possédant un savoir
faire particulier dans le domaine technique - Maître Charpentier :
dirige les travaux d’entretien et de réparation du navire
- Maître Voilier : dirige les travaux d’entretien et de réparation des voiles
- Maître Calfat : dirige les travaux d’entretien et de réparation de la coque
- Maître Armurier : dirige les travaux d’entretien et de réparations des armes du bord
- Maître Coq : dirige la cuisine du bord
- Maître Boulanger : prépare pain et biscuit pour l’équipage, il est
également responsable de la surveillance du four (risques d’incendies)
- Maître Chirurgien : adjoint du médecin du bord, principalement chargé des amputations.
- Rangs des Officiers Mariniers
- second maître / maître : chacun des postes est doublée (un maître
et un second maître). (36 £ pour un second maître, 48£ pour un maître)
- premier maître : en principe, cela désigne le Maître d’Equipage. (60£)
Officiers : (bourgeoisie et noblesse…les amiraux proviennent presque tous de la noblesse)
- Garde Marine : jeune issu de la noblesse ou de la bourgeoisie
entre 14 et 17 ans qui souhaite devenir officier de marine. (48 £)
- Enseigne de Vaisseau : officier subalterne qui seconde et/ou peut
remplace un lieutenant de vaisseau à bord des grands bâtiments mais qui
est encore trop jeune pour exercer un commandement direct sur un petit
bâtiment. (108 £)
- Lieutenant de Vaisseau : officier subalterne qui peut commander un
petit bâtiment (brick, tartane…), être le second d’un navire plus grand
(corvette ou frégate) ou encore officier de Pont (commande et dirige
les canons d’une batterie) ou de Navigation (dirige la timonerie) sur
un navire de ligne (2 ou 3 ponts), ou Médecin. (tout navire) (144£)
- Capitaine : officier supérieur appelé à diriger des navires de
grande taille, on distingue les capitaines de corvette, de frégate et
de vaisseau. Dans le principe, un capitaine de corvette pourra être
second à bord d’une frégate ou d’un vaisseau. (CC 180 £, CF 240 £, CV
300 £)
- Amiral : officier général qui commande un ou plusieurs groupe de navires.
- Contre amiral : dirige une division (entre 2 et 6 navires) (480 £)
- Vice Amiral : dirige une flottille (entre 2 et 4 divisions) (600 £)
- Amiral : dirige une escadre, c’est à dire l’ensemble des navires
rattachés à une « région navale » soit 3 en France sous l’Ancien Régime
: Bretagne, Guyenne et Midi. (1 200 £)
- Amiral de France : équivalent au Maréchal de France pour la Marine. (2 400 £)
Bien que la solde des marins soit inférieure à celle de l’armée de
terre, les marins avaient plus de possibilité de « faire du butin ». La
prise d’un navire marchand ennemi entraînait une répartition de la
valeur marchande de sa cargaison : 50% pour le Roi, 25% pour les
officiers, 25% pour les officiers mariniers et équipage, et un navire
chargé de soie, de thé ou d’épices valait très cher…
A la différence d’un navire de guerre, la plupart des navires marchands
ne comptaient qu’un état major réduit (capitaine, second et une demi
douzaine de maîtres seulement).
Glossaire :
Alleu (ou
Allod) : terre libre en vieux francique, c’est à dire une parcelle de
terre agricole pour laquelle l’exploitant n’a pas à payer de redevance
domaniale à un seigneur.
Ancillaire : vient du latin ancilla qui désigne un domestique, un esclave domestique
Apanage :
part du domaine donné en seigneurie par un père à un fils cadet sous
réserve d’un serment de vassalité envers son aîné et l’obligation faite
que cette seigneurie revienne dans à la branche aînée si il n’y a pas
de descendant masculin direct.
Carcan
: peine infamante / endroit où un condamné au carcan est exposé à la
vue de la population, le cou et les mains coincé entre 2 pièces de
bois. La durée de l’exposition allait de quelques heures à 3 jours, les
motifs de la condamnation étaient crié par un sergent et il est de
coutume que le condamné soit bombardé de fruits et légumes pourris, de
boue ou ‘autres choses moins agréables, bien que la population ne soit
pas autorisé à utiliser des pierres ou autres objets pouvant entraîner
des blessures.
Félonie : haute
trahison entraînant théoriquement la déchéance de tous les titres du
coupable et de la saisie de ses terres par son suzerain.
Fouage
: feu, foyer. Au moyen âge, ce terme désignait à la fois le foyer
familial et le foyer fiscal, ce qui pose aujourd’hui des problèmes pour
évaluer la population d’un lieu. Car si un fouage dans le sens familial
désigne un groupe humain de 4/5 personnes en moyenne, un foyer fiscal
désigne une part de la Taille. Or si 1 fouage paysan équivaut bien à 1
fouage fiscal, une échoppe d’orfèvre compte un fouage au sens
démographique, mais au moins 3 au sens fiscal. Ainsi, on sait que Paris
comptait 80.000 fouages au 14e siècle…mais sur le registre des Tailles
! donc doit dire que Paris avait 250.000 habitants ou moins ? Ou est-ce
que la richesse provenant du commerce représentait 80.000 parts d’impôt
? Faute de registres d’état civil, nous n’en aurons jamais la
certitude…et cela est valable pour la plupart des villes avant le 17e
siècle.
Fourches Patibulaires / Gibet
: lieu d’exécution et d’exposition des criminels / contrairement aux
idées reçues, il ne s’agit pas de la potence en bois comme dans les
pays anglo-saxons) mais de piliers en maçonnerie (2/3/4 ou 6)
supportant des traverses de bois auxquelles étaient accrochés des
cordes. Le terme « pendu jusqu’à ce que mort s’ensuive » n’est pas un
abus de langage car les enfants de moins de 15 ans coupable de crimes
devant entraîner la mort étaient bel et bien pendu, mais la corde était
passé sous les aisselles et bien que le douleur soit forte, ils
survivaient généralement, le but étant de leur donner une leçon. Dans
le cas d’une exécution capitale, la durée d’exposition était défini
dans la sentence. En fonction du crime et du statut social, la famille
était autorisé à récupérer le cadavre à plus ou moins long terme, voire
pas du tout, condamnant de facto le criminel à ne pas être enterré en
terre chrétienne et donc de le vouer à la damnation éternelle…
Host
: armée féodale / chaque noble devait à son suzerain 40 jours de
service par an et devait être accompagné au moins d’une lance. Durant
cette période, l’entretien de ses troupes lui incombait, mais si le
suzerain décidait de prolonger la durée, il devait alors prendre en
charge la totalité des frais d’entretien.
Lance :
- Moyen Age : unité militaire composé en principe d’un chevalier, de
2 ou 3 cavaliers, de 1 ou 2 sergents à pieds, de 2 ou 3 archers, de 2
valets d’armes et d’un écuyer par noble. Soit une douzaine d’homme
environ dont 4 non combattants qui s’occupaient des bagages.
- A partir de 1440 en France (et jusqu’au début du 17e siècle) : 6
cavaliers lourds désigné sous le terme de « Gens d’Armes » le plus
souvent issu de la noblesse mais pas toujours. Chaque chevalier étant
accompagné d’un valet d’arme, d’un écuyer ou d’un page, de 2 archers et
d’un sergent portant armure et arme d’hast. 100 Lances formant une
Compagnie de Grande Ordonnance, l’Armée Royale comptait 20 de ces
compagnies soit une force mobile permanente de 12.000 cavaliers lourds
accompagnée de 12.000 fantassins lourds et 24.000 archers (terme
regroupant archer, arbalétriers et arquebusiers). Le Roi ne rétribuait
directement que les chevaliers qui payaient et équipaient eux-mêmes
leurs suivants. Mais les frais d’entretien (nourriture, logement…)
étaient à la charge de la couronne.
Pilori
: peine afflictive et infamante / estrade en pierre ou en maçonnerie
plantée d’un poteau de bois auquel sont fixés des chaînes et des
menottes. Le condamné est attaché solidement puis dévêtu partiellement
ou totalement pour recevoir son châtiment (fouet, verges, marquage au
fer rouge) après qu’un sergent ait crié à la population la sentence du
tribunal. Généralement, le condamné est ensuite placé au carcan, ce qui
fait qu’aujourd’hui on confonde le pilori et le carcan.
Réserve : partie du domaine seigneurial
dont le produit de l’exploitation sert à nourrir et entretenir
directement le seigneur et sa maisonnée.
Tenure : parcelle de terre agricole appartenant au domaine seigneurial
et qui est concéder en exploitation à des paysans libres ou serviles.
Rustre : vient du latin rusticus = homme vivant à la campagne.
Serf : vient du latin esclave, personne soumis à une servitude.
Vilain : (ou villain) vient du terme villa et village et définit un individu appartenant à une communauté agricole
Sources :
L’Europe de l’An Mil (M Bourrin et M Parisse)
La France au Moyen Age 5e –15e siècle (Claude Gauvard)
Histoire du Peuple Français T2 et 3 (Pierre Lafue)
Quid et divers Historia.
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